INTEGRISMEUne auteur féministe victime d'une tentative d'homicide

Une auteur féministe victime d'une tentative d'homicide

INTEGRISMERayhana a été aspergée d’un liquide par deux individus qui lui ont ensuite jeté une cigarette au visage, mardi soir...
Alexandre Sulzer

Alexandre Sulzer

«Je n’ai pas honte de ce que j’ai écrit, je n’ai pas peur d’eux.» Emue et les traits tirés, Rayhana entend poursuivre la représentation de son spectacle A mon âge, je me cache encore pour fumer, une pièce «contre l’intégrisme» religieux, jouée à la Maison des métallos (11e) depuis décembre. C’est pourtant cette pièce qui serait à l’origine de la tentative d’homicide dont cette jeune auteur algérienne a été victime mardi soir.


Selon ses dépositions à la police, elle a été aspergée d’un liquide – qui s’est révélé être du white spirit – par deux individus qui lui ont ensuite jeté une cigarette au visage, sans l’enflammer, et lui ont lancé : «On t’avait prévenue».

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Le 5 janvier dernier, en sortant de chez elle, dans le 20e, Rayhana avait déjà été menacée par deux individus qui l’avaient traitée de «mécréante» dans un dialecte algérien. «Tu crois qu’on sait pas qui tu es?», lui avaient-ils dit.


«Je ne suis pas sûre à 100% que cela a un rapport avec la pièce, mais je n’ai aucun problème avec personne par ailleurs», a confié l’artiste féministe lors d’une conférence de presse.

«Crime en relation avec une entreprise terroriste»


La section antiterroriste de la brigade criminelle a été saisie de l’enquête pour «crime en relation avec une entreprise terroriste». Rayhana et les autres comédiennes ont été placées sous protection policière alors que quatre personnes de la Ville assurent désormais la sécurité des futures représentations.


«La présence dans le haut de la rue Jean-Pierre-Timbaud de nombreuses échoppes salafistes est pour le moins troublante», assure un conseiller du maire de Paris. «Raison de plus pour qu’une telle pièce puisse être jouée ici même s’il ne s’agissait pas de provoquer», confie le maire (PS) du 11e, Patrick Bloche. L’adjoint au maire de Paris en charge de la Culture, Christophe Girard, a, lui, appelé à «se garder de toute conclusion hâtive», tandis que Ni Putes Ni Soumises appelle à un rassemblement samedi.