France Télécom: Un médecin du travail démissionne
SOCIAL•S'estimant exclue de la lutte contre la souffrance des salariés et dénonçant un manque de moyen, elle rend son tablier...J. M. avec agence
Elle ne supportait plus ce sentiment d'impuissance. Catherine Morel, médecin du travail chez France Télécom, a décidé de démissionner et de témoigner. Affranchie des clauses de confidentialité auxquelles l'auraient exposée une rupture conventionnelle de contrat, elle a dénoncé ce week-end dans le Parisienle manque de moyens auxquels elle s'est heurtée durant ses deux années d'exercice pour venir en aide «aux salariés en souffrance».
Pas de moyens et des pressions
«Pendant ces deux années, et encore plus depuis les derniers évènements dramatiques, j'ai eu le sentiment d'être cantonnée au cabinet médical uniquement dans l'écoute de salariés en souffrance, sans aucun moyen d'action pour faire évoluer ce constat négatif», explique Catherine Morel dans une lettre adressée le 10 novembre à sa direction.
«Je n'ai pu faire que le constat d'une adaptation forcée de l'homme au travail, suite à des fermetures de service, des suppressions de poste de travail, des mutations fonctionnelles ou géographiques imposées», ajoute le médecin dans sa lettre de démission. Elle dénonce par ailleurs des pressions sur certains de ses collègues qui demandaient des réductions temporaires d'objectifs de productivité pour des salariés jugés fragilisés.
Plusieurs démissions pour les mêmes raisons
Selon Le Parisien, «entre cinq et dix autres de ses confrères ont également jeté l’éponge ces derniers mois pour des motifs similaires». De son côté, Catherine Morel a noté une légère amélioration des conditions de travail avec des mesures temporaires prises par la direction avant son départ. Les problèmes ne sont pas terminés pour autant. La CFE-CGC, principal syndicat de médecins du travail, dénonce à présent l'attitude de France Télécom, qui demande aux professionnels de santé de leur signaler les salariés fragiles.
La démarche semble louable. «Qu’en accord avec lui, un médecin signale un salarié à la direction ne pose pas de souci», reconnaît Bernard Salengro, président du Syndicat. Avant de rappeler que «si ce dernier n’est pas tenu au courant, c’est contraire au Code de déontologie, même au Code pénal». Un problème en chasse un autre.