RWANDA«J'avais déposé plainte contre Eugène Rwamucyo en 2007»

«J'avais déposé plainte contre Eugène Rwamucyo en 2007»

RWANDADepuis 2001, un couple de Reims traque les génocidaires présumés hébergés par la France...
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

Eugène Rwamucyo figurait sur sa liste depuis deux ans déjà. Jeudi dernier, Alain Gauthier n'a donc pas été surpris quand il a appris la suspension de ce médecin de Maubeuge (Nord) pour son implication présumée dans le génocide rwandais. «J'ai déposé plainte contre lui en 2007. J'ai même été entendu par la justice à ce sujet... »


Un mandat d'arrêt international


Cet enseignant de Reims (Marne) est coutumier du fait. Depuis 2001, il traque sans relâche les génocidaires présumés hébergés par la France. Sa compagne Dafroza a vu sa famille décimée lors du massacre des 800.000 Tutsis en 1994. Quand Alain l'a épousée, il a aussi embrassé sa cause. «Depuis 2001, nous avons déposé quinze plaintes contre des génocidaires présumés qui vivent en France. Avec leurs adresses... Mais il n'y a jamais eu de suites. Les juges manquent de moyens. Ils doivent aussi s'occuper de vols de scooters.»


La suspension d'Eugène Rwamucyo en est l'illustration parfaite. Ce n'est pas un juge, ni un policier qui l'a repéré. Mais une infirmière de l'établissement qu'il recevait en consultation. «Il a eu une attitude déplacée envers elle, révèle Vladimir Nieddu, porte-parole nordiste de SUD Santé Sociaux. Il lui a dit qu'elle avait de l'embonpoint...»


Son nom googlé


En rentrant chez elle le soir, l'infirmière a voulu en savoir plus. Elle a tapé le nom d'Eugène Rwamucyo sur Google. Et elle a trouvé un mandat d'arrêt international délivré par Interpol.


«La mesure de suspension de ce médecin se justifie. Ne serait-ce que pour protéger le personnel de l'hôpital qui le côtoie, indique Bernard Delaeter, directeur adjoint de l'Agence d'hospitalisation dans le Nord-Pas-de-Calais. Les faits reprochés par le mandat d'arrêt sont assez graves...»


Pour les connaître, il suffit de consulter le rapport du Comité de recours des réfugiés datant de 2003. «Il a participé en 1994 à plusieurs réunions de planification du génocide, peut-on y lire. Il avait notamment élaboré un document préconisant les mesures d'hygiène permettant d'éviter les épidémies dues à la concentration des cadavres dans les rues rwandaises...»


Interrogé par la télévision belge RTL TVI, le médecin s'est défendu, ce samedi : «Je suis victime d'une diabolisation qui voudrait faire de moi un monstre et je le réfute. J'attends juste que la justice termine son enquête.» Alain et Dafroza Gauthier aussi.