Christophe Deloire, journaliste et coauteur du livre "Les islamistes sont déjà là"

Christophe Deloire, journaliste et coauteur du livre "Les islamistes sont déjà là"

Christophe Deloire, journaliste au Point, vient de publier, avec Christophe Dubois, une enquête sur les dérives de l’islam*. Un livre choc qui repose sur des documents secret-défense. Vous avez réalisé une enquête inquiétante. Etait-ce le but ? Nous avons
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Christophe Deloire, journaliste au Point, vient de publier, avec Christophe Dubois, une enquête sur les dérives de l’islam*. Un livre choc qui repose sur des documents secret-défense.Vous avez réalisé une enquête inquiétante. Etait-ce le but ?Nous avons voulu montrer les coulisses de la confrontation entre les islamistes et la République, qui se joue sur de nombreux terrains. Nous avons été plus inquiets après avoir enquêté qu’avant. Au fond, le danger terroriste est assez connu, le danger politique et idéologique est plus subtil et plus délicat à déterminer, mais tout aussi grave.Ne risquez-vous pas d’aggraver l’amalgame existant entre musulmans et islamistes ?Ce qu’on explique dans le livre, c’est comment les musulmans peuvent être des victimes des islamistes. Aujourd’hui, ce n’est pas facile d’être musulman, le regard des autres a changé.Quelle est l’ampleur de cette offensive islamiste ?Depuis quinze ans, les services de renseignements alertent les autorités sur l’avancée de mouvances fondamentalistes. Les pouvoirs publics ont péché par aveuglement. Au niveau local, pour acheter la paix sociale, ils ont financé des associations qui, sous couvert de faire de l’insertion, faisaient du prosélytisme. L’Etat se montre faible vis-à-vis des régimes fondamentalistes. Exemple, on négocie un contrat de 7,5 milliards d’euros pour la protection des frontières de l’Arabie saoudite. On ne peut donc rien dire à ce pays.L’ingérence des Etats étrangers dans l’islam de France existe ?Oui, mais il faut distinguer l’ingérence fondamentaliste de l’ingérence anti-islamiste qui a, elle aussi, des effets pervers. Tout cela ne facilite pas la constitution d’instances modérées indépendantes.Des représentants de courants musulmans ont interrompu les négociations du CFCM (Conseil français du culte musulman) pour faire leurs prières au ministère de l’Intérieur. Un épisode révélateur selon vous ?Cela montre que les mouvances fondamentalistes, en l’occurrence l’UOIF et la FNMF, exercent une pression sur l’Etat. Ils mélangent le politique et le religieux. S’ils ont fait ça à ce moment-là, dans la salle des fêtes du ministère, ça a un sens. Tout cela a été filmé et nous avons pu récupérer les cassettes avant qu’elles soient entreposées aux archives. Ce que nous racontons n’est pas une reconstitution, mais la retranscription exacte de ce qui s’est passé.Le CFCM a-t-il gagné en légitimité avec l’affaire des otages ?Il s’est incontestablement bien comporté. Mais parmi ceux qui sont allés à Bagdad, il y en a qui ont fait la tournée du Moyen-Orient avant la loi sur les signes religieux à l’école. Aujourd’hui, ils ont changé de discours. Les fondements de certaines mouvances ont-ils changé ou est-ce une question de circonstances ? Je crois que c’est une question de circonstances. Propos recueillis par David Carzon* Les islamistes sont déjà là, Christophe Deloire et Christophe Dubois, Albin Michel.