DECRYPTAGELa castration chimique, ça existe déjà

La castration chimique, ça existe déjà

DECRYPTAGE20minutes.fr fait le point sur le procédé, ses applications et son efficacité...
Julien Ménielle

Julien Ménielle

La castration chimique est-elle déjà utilisée en France?

Oui. Dans le cadre d'une condamnation à un suivi socio-judiciaire, un délinquant sexuel peut être placé sous le contrôle d'un juge d'application des peines. Celui-ci peut prononcer une injection thérapeutique, c'est à dire une obligation de soins. Le texte précise cependant qu'«aucun traitement ne pourra être entrepris sans son consentement, mais que, s'il refuse les soins qui lui seront proposés», un emprisonnement «pourra être mis à exécution». Le Dr Florent Cochez, psychiatre responsable du centre ressource d'Aquitaine, qui suit des patients dans cette situation, indique qu'en cas d'arrêt du traitement, il peut être amené à «faire un signalement». Et si, selon lui, «les magistrats se sont longtemps montrés frileux au sujet de la réincarcération, c'est de moins en


Quels sont les médicaments employés?

Des traitements antihormonaux. «Le traitement neutralise les hormones mâles et du même coup la libido», explique à 20minutes.fr le Dr Jacques Waynberg, président de l'Institut de sexologie, médecin légiste et criminologue. «Il agit sur les androgènes, qui sont le véhicule de la pulsion sexuelle», précise le spécialiste. Seuls deux médicaments ont l'autorisation de mise sur le marché, «dont un qui n'est pas encore commercialisé», précise Florent Cochez. «Nous sommes donc actuellement hors-la-loi, en prescrivant des équivalents», regrette-t-il.


Le procédé est-il efficace?

Oui et non. «Le traitement détruit les pulsions mais n'empêche pas les érections spontanées», indique Jacques Waynberg. Celles-ci, comme les érections nocturnes, ne sont cependant pas «exploitables». Florent Cochez a constaté de son côté que la réponse au traitement est très variable d'un individu à l'autre. En revanche, le sexologue note que rien n'empêche une personne qui subit les injections d'en annuler les effets par des injections d'androgène, voire des injections dans la verge permettant d'obtenir des érections mécaniques. Par ailleurs, Emmanuelle Perreux, présidente du Syndicat de la Magistrature et juge d'application des peines, indique à 20minutes.fr qu'un doute subsiste quant à «l'efficacité réelle sur les fantasmes».


Est-ce cependant une solution pour empêcher la récidive?

Oui, mais pas toute seule. «Ce n'est pas la solution miracle», affirme Emmanuelle Perreux. Le Dr Jacques Waynberg précise de son côté qu'il ne s'agit que d'une «béquille chimique» qui permet de traiter la cause profonde par un suivi psychiatrique. De plus, pour Emmanuelle Perreux, «il ne peut y avoir de réponse-type à la délinquance sexuelle» et il convient d'envisager le traitement au cas par cas. Et Florent Cochez de conclure en déplorant l'absence de recherches sur le sujet: «une étude menée récemment a dû être arrêtée, faute de moyens».