Suicides à France Telecom: Xavier Darcos recevra Didier Lombard mardi
SOCIETE•Les syndicats réclament un «geste fort de l'Etat», le ministre veut envoyer le Directeur général du travail dans l'entreprise ...Avec agence
Une salariée de France Télécom est décédée vendredi en se jetant par la fenêtre de son bureau, deux jours après le geste désespéré d'un autre employé et une série de suicides, conduisant le ministre du Travail Xavier Darcos à rencontrer le PDG en début de semaine prochaine.
«Xavier Darcos a eu Didier Lombard au téléphone aujourd'hui», il le «recevra dans les plus brefs délais pour travailler ensemble aux solutions appropriées», a-t-on indiqué à l'AFP dans l'entourage du ministre, en évoquant un rendez-vous probablement «lundi». Le ministre «lui proposera que le Directeur général du travail, Autorité centrale de l’inspection du travail en France, assiste à une prochaine réunion du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de France Télécom».
Et il lui «demandera d’engager les négociations avec les représentants du personnel de l’entreprise, pour transcrire au niveau du groupe, l’accord interprofessionnel sur la prévention du stress au travail conclu de manière unanime par les partenaires sociaux en novembre 2008», poursuit le communiqué.
«Elle changeait de chef d’équipe»
La direction de France Télécom a annoncé le décès de la jeune femme, qui travaillait au service recouvrement d'Orange. «Elle venait d'apprendre qu'elle changeait de chef d'équipe», d’après Barbara Dalibard, directeur exécutif en charge du marché Entreprises. «C'est une personne qui était fragile, qui était suivie à la fois à titre personnel et dans l'entreprise par des psychiatres, des médecins du travail et l'assistante sociale depuis longtemps», a-t-elle précisé. «On avait d'ailleurs adapté sa charge de travail pour tenir compte de sa fragilité», a-t-elle ajouté.
Les syndicats ont demandé l’intervention de l’Etat
A l'annonce du geste de la jeune femme, deux syndicats de France Télécom, CFE-CGC et Unsa, ont réclamé un «geste fort» à l'Etat pour aider le groupe en pleine mutation. «Nous interpellons le gouvernement français, dans la mesure où c'est le principal actionnaire et le principal employeur du groupe, il faut qu'il intervienne», a déclaré à l'AFP Pierre Morville, délégué syndical central CFE-CGC. «Quelles que soient les qualités des réponses émises jeudi par l'entreprise, il est évident que ce n'est pas suffisant», a-t-il estimé, en réclamant en particulier un «plan de pré-retraites à l'Etat en bonne et due forme».
Mobilisation des salariés
Des salariés se sont mobilisés jeudi contre leurs conditions de travail et les méthodes de management, responsables, selon eux, de cette série noire. La veille, un technicien de Troyes avait tenté de se suicider en se plantant un couteau dans l'abdomen lors d'une réunion après avoir appris la suppression de son poste. Dans la foulée de cette mobilisation, la direction du groupe a proposé jeudi de suspendre provisoirement les mobilités au sein du groupe. Elle a aussi annoncé des négociations sur le stress dès le 18 septembre et le recrutement de 100 DRH de proximité et de médecins du travail supplémentaires.
Depuis plusieurs années, les syndicats déplorent le malaise au travail et la pression sur les salariés, notamment pour les inciter à quitter l'entreprise, dans le cadre d'un plan de départs volontaires, qui a permis en trois ans, de se séparer de 22.000 salariés (pour 5.000 embauches).