Des sénateurs veulent interdire le bisphénol A
SANTE•Ils ont déposé une proposition de loi contre la molécule, suspectée d'être toxique. Mais les ministres ont des avis opposés sur la question...Julien Ménielle
Le débat sur le bisphénol A (BPA) prend une nouvelle tournure. Des sénateurs ont déposé une proposition de loi visant à interdire la molécule, présente dans les plastiques alimentaires, notamment ceux des biberons, et suspectée d'être toxique. L'initiative, qui devrait réjouir les détracteurs de la substance, risque de raviver la polémique qui oppose les membres du gouvernement.
Michel Charasse (ex-PS), Yvon Collin (PRG) et sept de leurs collègues affirment s'appuyer sur des études qui ont «établi des liens entre le BPA et les cancers de la prostate ou du sein, l'obésité, le diabète, les dysfonctionnements thyroïdiens ainsi que des troubles du comportement et de la reproduction». Des «effets néfastes sur le développement du cerveau des foetus et des nouveau-nés» sont également évoqués.
La bataille des études scientifiques
En avril dernier, le réseau environnement-santé (RES) appelait déjà de ses vœux une modification des normes en vigueur. L'association s'appuie également sur des études qui, selon elle, concluent à une toxicité du bisphénol A chez la souris et affirment que la molécule aurait des effets sur le comportement et le cancer du cerveau. Des accusations démenties à l'époque par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot.
«Le principe de précaution ne s'applique qu'en l'absence d'études fiables. Là, les études fiables existent et concluent en l'état actuel de la science à l'innocuité des biberons fabriqués avec ce composé chimique», déclarait alors Roselyne Bachelot, s'appuyant sur un rapport rassurant de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa).
NKM applique déjà le principe de précaution
Mais pour le réseau environnement-santé, l'Afssa n'a pas respecté «les règles de bonne pratique en évaluation des risques». Et du côté du gouvernement, tout le monde ne partage pas la confiance de Roselyne Bachelot. Ainsi Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'Ecologie, a déjà fait savoir qu'elle était «tout à fait favorable à ce qu'on retire ces produits du marché».
Nathalie Kosciusco-Morizet n'a de son côté pas attendu pour appliquer le fameux «principe de précaution» à nouveau mis en avant par les sénateurs. La future maman écolo se désespérait, en juillet dans «Gala», de ne pas «trouver de tire-lait garanti sans bisphénol A» et indiquait utiliser «des biberons en verre pour éviter cette molécule interdite au Canada». A l'époque, c'est sur Twitter que la secrétaire d’Etat avait trouvé de l'aide. Elle sait désormais qu'elle peut aussi compter sur Michel Charasse et Yvon Collin.