Votre rapport sur la promotion de la diversité, remis ce jeudi à Nicolas Sarkozy, vise notamment à réduire les inégalités d'accès à la formation. De quelle manière?
Le Président a demandé que 30% des places en classe préparatoire soient réservées aux boursiers d'ici à deux ans. Nous allons y parvenir. Je préconise, par ailleurs, l'augmentation du nombre de classes prépas accessibles avec un bac technologique, tout d'abord dans les lycées des grandes villes, puis sur tout le territoire. Et pour permettre aux jeunes de milieux défavorisés de travailler dans de bonnes conditions, je recommande aussi une accélération du développement des places d'internats afin qu'elles soient au nombre de 7.500 d'ici à trois ans. Je prône également un bilan d'orientation pour tous les élèves de seconde, et parallèlement, les missions locales doivent mieux aider les jeunes des quartiers à s'orienter. Dans cet esprit, je plaide pour leur professionnalisation, en renforçant leurs moyens, et par le biais de partenariats avec les Pôles emploi.

Vous misez aussi sur la revalorisation de filières souvent suivies par des jeunes issus de milieux défavorisés...
Oui, il faut par exemple rationaliser les filières technologiques et professionnelles, c'est-à-dire en diminuer le nombre, en modifier le contenu et leur assurer des débouchés. Je propose aussi de réorganiser les collèges afin d'augmenter la mixité sociale. Je vais inviter le gouvernement à créer des collèges spécialisés : certains rassembleront des classes de 6e et 5e, d'autres des classes de 4e et 3e. Cela permettra de concentrer les moyens pédagogiques et de renforcer la qualité de l'enseignement. Je pense aussi que tous les acquis des jeunes devraient être valorisés dans leur cursus : la participation à une association humanitaire, la pratique d'un sport en club ou un job étudiant devraient ainsi permettre de gagner des points.

Et comment aider les jeunes à trouver leur premier emploi?
Les formations en alternance constituent un vrai tremplin vers l'emploi. Il faut doubler le nombre de jeunes dans ces cursus pour le porter à un million. Pour ce faire, je préconise d'instaurer d'ici à la fin 2012 un quota de 5% de jeunes en formation en alternance pour les entreprises de plus de 50 salariés.

Comptez-vous toujours «mesurer» la diversité?
Oui, et mes propositions seront consensuelles. Ce recueil d'informations s'effectuera sur une base anonyme et volontaire. A titre personnel, j'ai souhaité que l'on puisse déclarer son sentiment d'appartenance à une minorité. Mais, c'est aux scientifiques de se prononcer : un comité de réflexion rendra ses conclusions fin juin à ce sujet. En tout cas, il n'est pas question d'opérer un recensement systématique de la population en fonction de critères ethniques. Je propose aussi des pistes pour conditionner l'accès aux marchés publics et aux subventions à l'obtention du label Diversité par les entreprises. Je recommande aussi que l'action des entreprises en faveur de la diversité figure systématiquement dans leur bilan social. Mais pour cela, il faudrait modifier le Code du travail.

Concernant l'expérimentation du CV anonyme, souhaitez-vous l'étendre comme prévu?
Cent entreprises ont démarré cette expérimentation que je compte proposer aux administrations. Je plaide aussi pour un développement des plates-formes d'habiletés qui réalisent les recrutements par simulation et permettent une égalité de traitement des candidats.