Nicolas Sarkozy: «La politique de la chaise vide marquerait un échec» du G20
INTERVIEW•Le chef de l'Etat a répondu depuis l'Elysée aux questions de Jean-Pierre Elkabbach...20minutes.fr
«Il faut qu'on explique deux minutes les choses, monsieur Elkabbach». Un petit refrain qui rappelle la campagne présidentielle et qu'on avait oublié sur «Europe numéro 1» (dixit le chef de l'Etat). Nicolas Sarkozy est venu s'expliquer ce mercredi matin sur le G20, la crise, Obama , l'Otan et les enseignants chercheurs. Même s'il a glissé pendant l'échange: «J’ai été élu pour résoudre les problèmes, pas les commenter».
Sur la crise, il a d'abord répété son discours vindicatif des derniers jours. «Il faut que de nouvelles règles se mettent en place» au G20, a déclaré le Président. «Je ne m'associerai pas à un sommet qui se concluerait d'un communiqué de faux compromis», a-t-il menacé en soulignant qu'il serait «inacceptable et incompréhenible» que des decisions concrètes «ne soient pas mises en oeuvres» sur les paradis fiscaux. «La politique de la chaise vide serait un échec du sommet», a mis en garde le chef de l'Etat.
Chirac a du «bon sens»
Nicolas Sarkozy a ensuite fait de la pédagogie: «Il y a trois têtes de chapitre». 1° «Le problème des paradis fiscaux, de la rémunération des traders», une régulation nécessaire pour le chef de l'Etat sur lesquels il «est d'accord avec Angela Merkel». Il est aussi «inimaginable que des hedge funds ne soient pas contrôlés. Même chose pour le hors bilan des banques». 2° «La nécessité d’une relance mondiale, avec de nombreux pays qui bénéficient, tant mieux pour eux, de réserves fortes.» 3° «Les pays les plus pauvres ne doivent pas payer l’addition la plus lourde». Interrogé sur la tribune de Jacques Chirac sur ce sujet dans «Libération», le président a confié: «Cela me semble une idée de très bon sens».
Sur la fin de la crise, le chef de l'Etat ne s'est pas avancé: «Qui le sait ? Ces derniers temps, la caractéristique des experts, c’est de n’avoir pas vu arriver la crise» et d'enchaîner depuis «les discours pessimistes».
Questionné sur une supposée jalousie envers Obama par un Elkabbach qui avait sorti ses gros sabots, Sarkozy s'est contenté de saluer la belle histoire du 44e président des Etats-Unis dans un pays où «les Noirs ne mangeaient pas dans le même restaurant que les Blancs il n'y a pas si longtemps». Et il s'est fendu d'un «Bienvenue monsieur Obama».
«Sur le pont»
Sur l'Otan, il a justifié de nouveau le retour complet de la France: «Il y avait une dizaine de pays en Europe qui n’écoutaient pas la France car ils pensaient qu’elle était en opposition systémique avec les Etats-Unis». Avant d'ajouter: «On peut être un ami et un ami indépendant.» Il a réfuté tout envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan. La présence de l'armée française là-bas ne doit pas tomber dans «l'occupation», sachant qu'on ne peut pas laisser ceux qui, impunément, «coupent les doigts de petites filles qui mettaient du vernis à ongles.»
Nicolas Sarkozy a défendu la réforme du statut des enseignants-chercheurs, et le retour du volet sécuritaire de sa politique sur les bandes: «Ils ne sont pas propriétaires de leur trottoir, pas propriétaires de leur quartier.»
La dernière partie de l'entretien a tourné au discours de campagne et à l'automotivation, comme à Saint-Quentin la semaine dernière. Sarkozy a pris le contre-exemple de Lionel Jospin «à Vilvorde, qui a levé les yeux au ciel et a dit qu'on n'y pouvait rien... Jamais les Français ne m'entendront dire ça.» Et il a encore ressorti sa panoplie de capitaine, «qui ne doit pas déprimer dans sa cabine, mais être sur le pont», quitte à se «mouiller».
«Merci de nous avoir accueilli à l'Elysée», a lancé un Elkabbach qui a eu du mal à contenir la fougue du président. «C'est moi qui vous remercie», a répondu un Sarkozy particulièrement alerte à la fin de l'interview.