Contrairement aux 543 personnes déjà inscrites sur la page Facebook de Faismesdevoirs.com, le ministre de l'Education nationale n'est pas fan de ce nouveau site Internet, qui doit être lancé jeudi. Le concept? Proposer aux élèves, de la sixième à la terminale, de corriger les exercices qu’ils envoient, dans sept matières, dans un délai de 24 à 72 heures. Le service n'est pas gratuit. Les prix vont de 5 euros pour un exercice simple en mathématiques à 30 euros pour un exposé complet.

Si la pratique ne date pas d'hier, le fait de l'institutionnaliser sur la Toile fait bondir le ministre de l'Education: «Le meilleur endroit pour être éduqué et pour avoir des copies corrigées, c'est l'école de la République, je n'encourage nullement des dispositifs payants qui permettent de rendre ces services-là», a-t-il réagi à la sortie du Conseil des ministres.

Paiement par SMS ou Paypal

Le nom du site est volontairement provocateur. «Je travaillais dans l’univers des cours particuliers et j’ai cherché une idée originale et marrante, explique à "20 Minutes" Stéphane Boukris, le fondateur du site. Ça a donné faismesdevoirs.com avec un côté un peu trash, mais drôle.»

Restait le problème du paiement, les collégiens et lycéens étant rarement pourvus d'une carte bancaire. Stéphane Boukris, ancien élève d'une grande école de commerce, a trouvé la parade: «Vous achetez une carte prépayée à 25€ dans l’un de nos six points de vente parisiens, ou vous rechargez votre compte par SMS ou Paypal.»

Des profs derrière l'écran?

Toutes les réponses sont fournies par des élèves ou anciens élèves de grandes écoles (ingénieur, commerce), précise le communiqué de lancement. Mais comme Stéphane Boukris l'affirme au «Monde», cette «e-boutique» aurait reçu des offres de collaborations de la part de professeurs de l'Education nationale, désireux de saisir cette nouvelle opportunité pour arrondir leurs fins de mois.

D'autres dénoncent une méthode discriminatoire. «Si le but est d'aider les élèves en difficulté, alors va se poser le problème de la discrimination par l'argent, de la même façon que pour les cours particuliers», témoigne une enseignante sur son blog. Certains soulèvent aussi l'aspect contre-productif de la chose, les élèves ne pouvant pas progresser si le travail est fait à leur place.

«C'est un peu à l'éducation ce que le P2P est à l'industrie de la musique»

Les amateurs du web 2.0, en revanche, sont plus positifs: «Peut-être que c'est pas si mal qu'il y ait des sites de ce genre, c'est un peu à l'éducation (tout comme Wikipédia) ce que le P2P est à l'industrie de la musique: un moyen de la pousser dans ses retranchements. Donc soit on innove pour rendre vraiment les élèves intelligents, soit on continue avec les devoirs notés et on en fait des idiots», témoigne un internaute sur un forum consacré à l'éducation.

Faismesdevoirs.com a en tout réussi son premier pari: faire parler de lui. Sur Facebook, un groupe «contre» a déjà vu le jour. Ce mercredi, il ne comptait que deux membres.

Débat: Et vous qu'en pensez-vous? Triche organisée, aide aux élèves ou riche idée commerciale? Dites-le-nous ci-dessous...