SANTEAllocation «fin de vie»: vraie bonne idée ou poudre aux yeux?

Allocation «fin de vie»: vraie bonne idée ou poudre aux yeux?

SANTELe texte a fait l'unanimité, mais les premières critiques fusent...
Julien Ménielle

Julien Ménielle

Quarante-neuf euros par jour. C'est la somme dont pourrait bénéficier, pendant trois semaines maximum, quiconque accompagne à domicile un proche en fin de vie. Une noble idée, fruit du labeur de quatre députés de tous bords, et qui a fait l'unanimité à l'Assemblée. Une fois l'euphorie retombée, cependant, les premières interrogations se posent sur cette allocation.


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Contacté par 20minutes.fr, Jean-Luc Romero, ancien secrétaire national de l'UMP et président de l'association pour le droit de mourir dans la dignité, ne mâche pas ses mots. «Quelle cynisme!» s'emporte-t-il en évoquant les économies que la proposition de loi espère faire sur les hospitalisations, en maintenant les patients à domicile, et sur les arrêts maladies, en permettant à leurs proches de ne pas y avoir recours comme c'est actuellement le cas.


Fin de vie à durée déterminée


D'autant qu'à ce tarif, il n'est pas acquis que cette pratique disparaisse. «Nous proposons une alternative à l'illégalité», se défend Jean Leonetti, l'un des auteurs de la loi, contacté par 20minutes.fr. Autre aspect sujet à critiques: la durée maximale de l'allocation. «Trois semaines, c'est ridicule», estime Jean-Luc Romero, rappelant au passage qu'en Belgique «c'est un mois renouvelable».


Et si la fin de vie se prolonge au-delà de trois semaines? «Ce sont les situations de stade terminal qui sont concernées, précise jean Leonetti, elle n'excèdent pas 15 jours». Le député UMP explique par ailleurs que «la loi sera réévaluée dans un an». En attendant, «la plus grande souplesse a été demandée à la ministre dans l'élaboration du décret d'application».


«Leonetti, roi du faux débat»


«Cette allocation ne concernera de toute façon presque personne», regrette Jean-Luc Romero, comparant le 20.000 dossiers annoncés aux 530.000 morts annuels et aux 250.000 patients atteints de maladies de longue durée. «Et pourquoi exclure l'immense majorité, ceux qui meurent à l'hôpital?», se demande le militant. «A l'hôpital, seule une personne sur cinq meurt accompagnée par sa famille, se justifie Jean Leonetti. On y rencontre des attitudes sublimes et d'autres sordides autour de la fin de vie.»


Il s'agit donc de ne pas «encourager les abus», pour le député. «Cependant, ce n'est probablement qu'une première étape, et le dispositif sera probablement élargi», assure-t-il. «Poudre aux yeux!», répond Jean-Luc Romero. Pour le militant, «Leonetti, roi du faux débat, tente de détourner l'opinion des vraies questions sur la fin de vie». La suite des débats aura lieu au Sénat.


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