EVASIONEvasion de Moulins: La concubine de Khider avoue sa complicité

Evasion de Moulins: La concubine de Khider avoue sa complicité

EVASIONElle aurait fourni, avec une autre compagne de détenu, des explosifs et des armes aux deux évadés de Moulins...
M.Gr. & N.B. avec agence

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Selon le parquet de Lyon, la concubine de Christophe Khider, l'un des deux évadés de la centrale de Moulins-Yzeure (Allier), a avoué avoir fourni, avec une complice, la compagne d'un autre détenu de Moulins, des explosifs et une arme pour l'évasion.

Sylvie P., 39 ans, la concubine de Khider, et Nadia K., 28 ans, seront mises en examen jeudi après-midi pour «complicité par fourniture de moyens d'évasion en bande organisée et complicité par fourniture de moyens pour destruction de biens par substances explosives de batîments publics en bande organisée», a précisé le procureur de la République, Xavier Richaud.

Les deux femmes «ont reconnu les faits. Ce sont elles qui ont introduit dans la maison d'arrêt, à la demande de Khider, les explosifs, les détonateurs, les munitions et le pistolet», a indiqué le magistrat.


L'AP pointait déjà du doigt la zone parloir


L'enquête administrative se concentrait déjà «sur la zone parloir et sur l’extérieur» de la prison, ainsi que l'expliquait Claude d’Harcourt, directeur de l'Administration pénitentiaire (AP), interrogé mardi par 20minutes.fr. Il évoquait la possibilité que des proches ou des membres de la famille des deux détenus soient impliqués. Sur la façon dont Khider et El-Hadj se sont procurés une lame, un pistolet et des explosifs pour commettre un «acte de guerre» dixit d’Harcourt, l’AP restait cependant prudent. «On espère avoir les conclusions des investigations dans les délais les plus brefs» expliquait le directeur, qui avait avancé qu’il n’y avait pas eu «d’objets échangés dans le parloir. Ce n’était pas forcément ce jour-là.»


Le parloir de Moulins, comme dans la grande majorité des prisons françaises permet un face-à-face direct entre les personnes. «Notre point vulnérable, c'est le parloir, nous expliquait lundi Younès Mellakh, surveillant et responsable syndical de l'établissement. En 2003 déjà, il y avait eu une évasion après qu'un pistolet et une puce de téléphone portable avaient été introduits au parloir.» Ce gardien confiait qu'«en novembre dernier, nous avions demandé une fouille générale», qui a été finalement refusée.


Audit de l'administration pénitentiaire à venir


Selon l’AP, la France ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion sur la sécurisation de la zone de sas entre les détenus et leurs visiteurs. «Nous sommes dans un pays qui ne fouille pas les familles, a souligné Claude d’Harcourt, c’est ainsi. En Grande-Bretagne, il y a une fouille complète, c’est une autre conception.» Outre les brigades de chiens renifleurs, des hygiaphones séparant proches et prisonniers pourraient être une piste.


C'est dans ce sens qu'à la suite d'une réunion avec les syndicats de surveillants, L'AP a annoncé qu’un «audit de sécurité» allait être réalisé «dans toutes les maisons centrales» où se trouvent les détenus purgeant de longues peines, trois jours après la double évasion de Moulins.


L'AP va engager «la présence de chiens de détection» dans les centrales françaises de haute sécurité de Saint-Maur, Clairvaux, et Lannemezan, une mesure déjà effective à Moulins depuis dimanche soir. C’est actuellement, selon l’AP, la meilleur méthode pour détecter la présence ou l’entrée d’explosifs dans une prison.


Un groupe de travail sur la gestion des longues peines


Claude d'Harcourt avait justifié mardi le transfert de dix détenus parmi les plus dangereux de Moulins vers d’autres établissements. L’AP devrait lancer une «mesure supplémentaire de diminution de l'effectif des personnes détenues» dans cet établissement moderne, présenté comme modèle sur le papier, mais qui enchaîne les problèmes dans la réalité.


Autre mesure, un «groupe de travail sur la gestion des longues peines» a été décidé, ce qui démontre une légère concession de l’AP sur ce point. Mardi, Claude d’Harcourt était inflexible. Quand un confrère lui a demandé s’il n’était pas nécessaire de «repenser la question des longues peines», il a ainsi répondu «Absolument pas. Le problème, c’est celui d’un petit nombre de détenus, comme Christophe Khider, qui sont dans un déni de leur responsabilité, qui n’acceptent pas leur peine et sont animés par un sentiment de revanche.»


Portes blindées défoncées


Pour d’Harcourt, «dire que les longues peines sont incarcérés dans de mauvaises conditions en France va à l'encontre de la vérité. La France s'occupe dignement des longues peines, dans la longue tradition de respect des personnes qui est la sienne. Par exemple, Khider partageait sa cour de promenade à Moulins avec Omar Top.» Argument imparable...


Des «personnels spécialisés» de sécurité seront affectés à la centrale de Moulins «le temps nécessaire aux travaux de remise en état de cette prison après l'évasion à l'explosif dimanche». Actuellement, le parloir de la centrale, où deux portes blindées ont été endommagées par l’évasion, ne fonctionne plus.




Où iront Khider et el-Hadj? - Une fois remis sur pied, ils seront transférés dans une des centrales haute sécurité, excepté évidemment Moulins. Restent Clairvaux, Saint-Maur et Lannemezan.