Grande évasion: les Khider, une famille face à la prison française

Grande évasion: les Khider, une famille face à la prison française

CAVALELa mère de Christophe Khider, l'un des deux évadés, défend son fils aîné, condamné jusqu'en 2045. Le cadet, Cyril, est aussi en prison pour complicité d'évasion...
Mathieu Grégoire

Mathieu Grégoire

Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»
Catherine Charles
Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»
sur Europe 1
Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»


Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»


Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»


Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»


Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»
il écrit:
Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»


Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»
un blog
Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»


Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»
qui prend la plume
Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»


Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»


Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»


Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»


Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»


Elle ne va pas «lui demander de se rendre». Catherine Charles connaît trop les affres de la pénitentiaire pour souhaiter une seconde que son fils, Christophe Khider, revienne derrière les barreaux. «Je n'accepte pas qu'il retourne souffrir dans des circonstances épouvantables. Je ne veux pas le regarder mourir à petit feu», explique-t-elle ce lundi matin sur Europe 1. «Cette évasion s'explique par la non-perspective qu'ont ces hommes avec ces peines infinies, ces perfusions d'oubli. Elle était inéluctable car il n'avait jamais accepté sa condamnation», affirme-t-elle.

Jusqu'à l'évasion de Christophe, l'aîné de ses garçons, 37 ans, la vie de cette mère de trois enfants s'égrenait sur un rythme lent et étouffant, celui de la longue litanie des parloirs.

A Fresnes, Lannemezan (Hautes-Pyrénées) puis Moulins-Yzeure, où a été successivement embastillé Christophe, condamné une première fois en 1999 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un otage lors d'un braquage, quatre ans plus tôt. Où à chaque fois, il a essayé de se faire la belle. La première tentative avortée, une évasion assistée par un hélicoptère à Fresnes, a définitivement brisé la famille Khider. Cyril, le jeune frère de Christophe, était là pour «délivrer» son frère. Il est arrêté, incarcéré à Nanterre puis transféré à Fleury-Mérogis, Villepinte, Liancourt, La Santé, Rouen et Meaux depuis plus de huit ans.

La dépression du petit frère

Dans une longue lettre adressée en septembre 2005 à l'Observatoire international des prisons et à la Cour européenne des droits de l'homme, entre autres, il écrit: «A partir de ce moment et jusqu'à aujourd'hui, je ne dois ma survie qu'à la mobilisation de ma mère gravement malade.» Catherine Charles est porteuse du VIH depuis les années 1980.

Cyril dénonce l'acharnement des gardiens, en représailles selon lui à la tentative de Fresnes. Il dépose plainte contre l'administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Il raconte surtout l'histoire d'un détenu qui perd la tête à force d'isolement, loin de sa femme et de sa petite fille, qui tente de se couper les veines au mitard. Il crée un blog que des proches alimentent de temps en temps.

Le 27 février 2006, c'est Christophe, depuis Lannemezan, qui prend la plume. «Ma chère maman, J'espère que tu vas bien, le mieux possible en tout cas, je ne m'inquiète pas outre mesure car je sais que tu es une guerrière, c'est de là que te viennent ta ténacité et ton courage. Je t'embrasse très fort en te serrant dans mes bras. Tu peux constater que je fais un immense effort en écrivant cette lettre que tu me réclames depuis des lustres à propos de l'isolement et de la famille - décidément, j'ai du mal à raconter l'inénarrable et la noirceur du système carcéral qui n'est conçu que pour briser.»

Au contraire de son frère cadet qui s'est enfoncé un temps dans la dépression et la paranoïa, le braqueur aux trois tentatives d'évasions s'est toujours accroché à une sortie spectaculaire. L'homme à l'éternel crâne rasé, à la condition physique parfaite, au charisme rayonnant selon ses co-détenus, ne pouvait espérer sortir au mieux qu'en 2045. Il a quitté l'école à 13 ans, a dérapé pour la première fois à 17, mais il est «d'une intelligence au-dessus de la normale.»

«Il y a la déception de ne pas être dehors»

Devant la cour d'assises du Val-de-Marne, le 14 mars 2007, il raconte ainsi cet irrépressible sentiment d'«euphorie» qu'il a connu sur le toit de Fresnes, quand il s'est senti enfin «libre». Mais l'échelle de corde lancée depuis l'hélicoptère est trop courte. Il est blessé, un sac d'armes tombe de l'hélico. Il explique aux jurés la soudaine équation, qui lui est apparue tellement évidente ce 27 mai 2001: «J'ai pensé otages, monnaie d'échange, ouverture de porte, liberté». Avec son complice Mounir Benbouabdellah, il espère quand même pouvoir se faire ouvrir la grille de l'immense couloir central de la maison d'arrêt, il va et vient dans la partie de la prison où ils se sont retranchés. «On rigole. Il y a une euphorie du moment. On est en détention, mais quelque part... on est libres.»

La prise d'otage s'éternise, près de vingt heures, l'initiative de sortie en force cachés sous des couvertures avec les surveillants tombe à l'eau, les négociations avec les policiers du Raid échouent. Le doute et la tension montent. «C'était mon anniversaire. Je me disais ''je vais effectivement crever le jour de mes 30 ans''. Mais plutôt mourir que de rester dans ce trou.» Benbouabdellah se rend le premier, accompagné d'un otage. Khider le rêveur s'acharne, il envisage d'affronter les hommes du Raid, pour en finir des barreaux, une fois pour toutes. Après l'intervention de sa mère, sollicité par le Raid, il se rend. «Des larmes coulent. Il y a la déception de ne pas être dehors».

Ce 14 mars 2007, à l'avocat général qui lui demande s'il est «prêt à s'échapper à nouveau», Christophe Khider lâche: «Je ne répondrai pas. Je vous laisse penser ce que vous voudrez.»