ANTANANARIVOMadagascar: le maire qui se voyait président à la place du président

Madagascar: le maire qui se voyait président à la place du président

ANTANANARIVOAndry Rojoelina, opposant à l'actuel président en fonctions, a nommé quatre «ministres» et continue son bras de fer pour accéder au pouvoir...
Maud Descamps avec agence

Maud Descamps avec agence

Que faut-il pour détourner Andry Rajoelina de son objectif? Alors que le président malgache, Marc Ravalomanana, est toujours en place, le maire déchu d'Antananarivo continue à mener sa barque comme si de rien n'était. Le camp de Rajoelina, engagé dans un bras de fer avec Ravalomanana, a désigné mardi quatre «ministres». Il a appelé à une opération «ville morte mercredi», lors d'un rassemblement public à Antananarivo. Ces nominations, qui s'inscrivent dans une logique de mise en place par Andry Rajoelina d'institutions de transition à Madagascar, interviennent au lendemain d'une rencontre avec un envoyé spécial de l'ONU, au cours de laquelle l'ex-maire s'est dit prêt à un dialogue sous conditions avec Marc Ravalomanana.


Le «Premier ministre» nomme «quatre ministre»


Mardi matin, sous la pluie et devant environ 5.000 personnes, le «Premier ministre» de Andry Rajoelina, Monja Roindefo, homme politique de Toliara (ex-Tuléar, sud-ouest), a proclamé les noms de quatre «ministres» censés, à ses yeux, remplacer les ministres en poste. Il a ainsi nommé ses «ministres» de la Sécurité intérieure, de la Décentralisation et de l'Aménagement du territoire, de l'Intérieur et des Finances et du Budget. «D'ici la fin de la semaine, j'aurai nommé tous les ministres», a affirmé à la tribune Monja Roindefo, en précisant que son «gouvernement» devait se mettre au travail à partir de lundi.


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Le rassemblement était une nouvelle fois organisé sur la place du 13-Mai, lieu historique de la contestation politique malgache. La foule s'est ensuite dispersée dans le calme, au soulagement de nombreux Tananariviens qui craignaient que Monja Roindefo n'appelle les manifestants à aller installer les nouveaux ministres dans les ministères, laissant présager un nouveau face-à-face entre partisans de Andry Rajoelina et forces de l'ordre.


Des risques de débordements


De fait, mardi matin, plusieurs ministères (Intérieur, Education, Affaires étrangères) tournaient au ralenti. Un employé du ministère des Affaires étrangères a expliqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que le personnel avait reçu pour consigne de quitter les lieux à midi et d'emporter avec lui les dossiers les plus importants. De son côté, Andry Rajoelina a appelé la population à rester chez elle mercredi. «Demain, personne ne sortira de chez soi. Les travailleurs n'iront pas travailler et les élèves n'iront pas à l'école», a-t-il affirmé à la tribune. Il a également indiqué qu'un rassemblement prévu mercredi par le parti présidentiel TIM au stade municipal serait autorisé par son équipe à la mairie d'Antananarivo.


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En coulisses, la communauté internationale multiplie ses efforts pour amener les deux hommes à une table de négociations. Lundi, l'émissaire dépêché à Madagascar par le secrétaire général de l'ONU a réclamé «une solution pacifique et démocratique» à la crise lors d'un entretien avec le chef de l'Etat qui n'a pas écarté le principe d'un dialogue. De son côté, le maire a déclaré à l'émissaire de l'ONU, Haïlé Menkerios, qu'il acceptait également le principe d'un dialogue «mais à condition que ce dialogue aboutisse soit à une élection présidentielle soit à un régime de transition». De son côté, le secrétaire d'Etat Françaisà la Coopération Alain Joyandet a annoncé lundi qu'il se rendrait mercredi à Madagascar.