Affaire Kouchner: «Je suis toujours étonné lorsque l'on jette l'opprobre sur un homme politique ou un ministre en exercice»
REVELATIONS (BIS)•Alors que «Le Monde selon K.» est en librairie ce mercredi, les réactions se multiplient sur l'affaire Kouchner...Avec agence
Alors que l'opposition socialiste, l'ancien camp de Kouchner, a expliqué qu'elle envisageait d'interpeller le gouvernement à l'Assemblée nationale ce mercredi après-midi, la majorité est montée au créneau derrière son ministre des Affaires étrangères. «Je suis toujours étonné lorsque l'on jette l'opprobre sur un homme politique ou un ministre en exercice», a lancé Luc Chatel à la sortie du Conseil des ministres.
«Restons calme», a demandé le président de l'Assemblée Bernard Accoyer qui craint «qu'on entre dans une de ces polémiques où la surenchère a souvent sa place et la politique n'y gagne pas beaucoup».
Le patron des députés de la majorité, Jean-François Copé, n'a pas lu l'ouvrage polémique, mais a jugé qu'«on vit dans une société où on jette très facilement des responsables publics aux piranhas» et rappelle qu'«il appartient évidemment à Bernard Kouchner de s'expliquer sur le sujet».
«Ca commence à bien faire la chasse à l'homme politique»
L'UMP n'avait pas tardé à voler au secours du ministre des Affaires étrangères. Par la voix de son secrétaire général Xavier Bertrand qui a estimé qu'«il y a beaucoup d'esprit de revanche» de la part des socialistes. «Je n'ai pas pas lu ce livre» mais «ce que j'en retiens, ce que je sais, c'est que c'est un livre à charge, très critique», a-t-il déclaré ce mercredi matin sur LCI. «Ca commence à bien faire la chasse à l'homme politique, de gauche comme de droite», a ajouté Xavier Bertrand citant le député socialiste de l'Essonne Julien Dray, visé par une enquête préliminaire du parquet de Paris pour abus de confiance.
Sa consoeur de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse estime de son côté qu'«il ne faut pas que l'honneur d'un homme soit jugé par l'opinion publique sur des rumeurs». La ministre invite donc Bernard Kouchner à se défendre, étant persuadée «qu'il le fera très bien».
Un «honnête homme»
Autre transfuge, autre soutien: Eric Besson, ministre de l'Immigration, a déclaré ce mercredi sur Europe 1 qu'il «ne connaissait pas cette affaire» concernant Bernard Kouchner mais que son «présupposé, c'est qu'il est un honnête homme». «Si Bernard Kouchner a encore un honneur, il doit enfin s'expliquer sérieusement», a dit le député PS Arnaud Montebourg.
Pour la chef du parti, Martine Aubry, c'est un «homme honnête». Le député de la majorité Claude Goasguen (UMP) a confié qu'il était «tombé des nues»: «On ne s'attendait pas à ce genre de révélations sur Kouchner».
La charge est d'une telle violence qu’on peut légitimement s’interroger sur les raisons de l'ouvrage: quelle est la part du règlement de compte dans cette affaire ? Pierre Péan reconnaît, dès le premier chapitre «L’Icône et la Marseillaise», «qu’il ne partage pas l’enthousiasme d’une grande majorité de nos concitoyens» pour celui qu’il qualifie «d’image pieuse».
Le différend rwandais
Mais là où l’enquêteur, auteur de «Noirs fureurs, blancs menteurs» (Ed. Mille et nuits), ouvrage controversé sur le génocide rwandais, objet d’une plainte de SOS Racisme et de rescapés du génocide, va décider de «s’attaquer» à son sujet, c’est lorsque ce dernier, alors au Quai d’Orsay, décide, en mai 2007, de tendre la main à Paul Kagame. «Un chef d’Etat qui (…) est considéré par la justice française comme un criminel de guerre et par la justice espagnole comme un génocidaire», écrit Péan page 16.
Pour Michel-Antoine Burnier, ami de Kouchner depuis 1964 et l’Union des étudiants communistes, auteur d’une biographie de plus de 500 pages « Les 7 vies du Dr Kouchner » (Ed. XO), si l’ouvrage de Péan n’apparaît pas comme un règlement de compte, il charrie en revanche, de par ses accusations de «cosmopolitisme» et «d’affairisme», «des relents nauséabonds».
En vidéo, la chronique véhémente de Stéphane Guillon ce mardi sur «France Inter», à propos de l'affaire Kouchner: