EDUCATIONLa guerre du zèle est déclarée à l'école primaire

La guerre du zèle est déclarée à l'école primaire

EDUCATIONNormalement, ce sont leurs élèves qui n’obéissent pas aux ordres. Cette fois, des enseignants du primaire - quelques centaines sur les 380.000 professeurs des écoles - ont décidé de dire non aux injonctions ministérielles...
Laure de Charette

Laure de Charette

Les profs refusent désormais catégoriquement de mettre en place les deux heures de soutien hebdomadaires pour les élèves en difficulté ou d’organiser les évaluations en CM2, prévues cette semaine. Pierre Devesa, directeur d’une école près de Gex (Ain) s’explique: «Ces évaluations ne laissent aucune place à l’erreur. On les a testées sur une journée, on a eu 40% de réussite seulement. C’est une mise en échec incohérente de l’élève!» Ce soir, il doit expliquer sa décision, soutenue par 80 % des maîtres de l’école, aux parents parfois inquiets.


La contestation gagne du terrain. Cette «nouvelle forme de protestation», comme le confirme un conseiller du ministre, a commencé en province dans la foulée de la dernière rentrée scolaire, de manière très marginale. Depuis les vacances de Noël, elle a gagné l’Ile-de-France: à Paris, notamment dans le 20e arrondissement, environ 600 enseignants disent avoir cessé l’aide individualisée. Même refus de 1.000 à 2.500 instituteurs, selon les sources, en Seine-Saint-Denis.


Une action politique?


«Il s’agit d’activistes qui mènent là une action politique», affirme le ministère. Difficile à dire. Dans une interview au «Monde» mercredi, le spécialiste de l’éducation, Claude Lelièvre, assure que les rebelles «ne sont pas automatiquement des gauchistes». Diane Combes, enseignante à Eguilles (Bouches du Rhone), qui désobéit pour la première fois de sa carrière, dit n’appartenir à «aucun parti ni syndicat». «Seulement, nos défilés ne suffisent plus. Il faut désormais des gestes forts pour être entendus», dit-elle.


Ce jeudi, Xavier Darcos a appelé solennellement les syndicats à «prendre leurs responsabilités et donc leurs distances». Le même jour, des parents d’élèves ont empêché le déroulement des tests à Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise). La rébellion gagnerait-elle les familles?