EDUCATIONDésobéissance civile: Darcos lance un appel solennel aux organisations syndicales

Désobéissance civile: Darcos lance un appel solennel aux organisations syndicales

EDUCATIONLe ministre leur demande de se désolidariser des enseignants qui refusent les évaluations...
C. F. et L. de C. (avec agence)

C. F. et L. de C. (avec agence)

«J'adresse un appel solennel aux organisations syndicales pour qu'elles se désolidarisent de ces enseignants, très peu nombreux d'ailleurs, qui refusent de mettre en place les évaluations» en primaire. Avant de présenter son programme d'action pour 2009, ce jeudi, Xavier Darcos a abordé le chapitre de la désobéissance dans les écoles, de plus en plus structurée. «Je les appelle solennellement à prendre leurs responsabilités et donc leurs distances sans ambiguité avec ces pratiques», a répété le ministre l'issue de la conférence de presse.



Après les nouveaux programmes, la réorganisation de la semaine et les suppressions de postes, les évaluations cette semaine en CM2 ont en effet encore accru la défiance des enseignants du primaire à l'égard du gouvernement.


Le mécontentement prend des formes multiples


Refus de centaines de maîtres d'organiser l'aide personnalisée, désobéissance pour les évaluations en CM2, occupations d'écoles par des parents, grève prévue le 29 janvier après celle du 20 novembre qui avait réuni au moins un maître sur deux: le mécontentement prend des formes multiples.


«Dans le primaire, qui se mobilise toujours davantage que le secondaire, un point de non-retour a été franchi. Le ministre de l'Education nationale a multiplié les erreurs», a déclaré au «Monde» daté de jeudi l'historien de l'éducation Claude Lelièvre.


Divergences sur le nombre de profs mobilisés


En Seine-Saint-Denis, environ un millier de professeurs refuse d'assurer les deux heures hebdomadaires d'aide comme voulu par le gouvernement, a expliqué à l'AFP l'inspecteur d'académie du département, Daniel Auverlot, contestant le chiffre de 2.500 avancé auparavant par une intersyndicale du 93.


A Paris aussi, il y a des divergences: quelque 600 sont dans ce cas, dont 280 l'ont dit dans des lettres individuelles, selon une intersyndicale parisienne. «A supposer que ce soit vrai, ces 280 enseignants constituent une faible minorité des 7.075 enseignants devant élèves à Paris», a réagi à l'AFP l'inspecteur de la capitale chargé du primaire, Edouard Rosselet.


Un instituteur privé de deux jours de salaire pour désobéissance


Motifs du refus pour les enseignants: l'aide a des horaires souvent «inadaptés» au soutien des élèves les plus faibles et elle est considérée comme un prétexte pour supprimer des postes de maîtres spécialisés contre l'échec scolaire («Rased»).


Alain Refalo, instituteur de la banlieue de Toulouse qui a été le premier à revendiquer la «désobéissance pédagogique» à ce sujet, s'est vu signifier un retrait de salaire de deux journées par semaine à compter du 5 janvier, selon un réseau d'enseignants hostiles à la réforme.


Des évaluations organisées trop tôt


Le même jour, cette fois sur les évaluations en CM2, un directeur d'école à Peron dans l'Ain, Pierre Devesa, adressait au ministère une lettre ouverte de désobéissance. «Je ne souhaite pas collaborer à une vaste entreprise de fragilisation et de dépréciation de l'école», a-t-il écrit, estimant notamment que les tests étaient trop difficiles et mal conçus.


Les principaux syndicats du primaire jugent que ces évaluations sont organisées trop tôt dans l'année et qu'elles ne donneront pas une image réelle des acquis des élèves. Au-delà, ils craignent une mise en concurrence des écoles et une utilisation des résultats pour déprécier le travail des maîtres.