Accusation de censure à Radio France

Remous à la Maison de la radio. Miguel Benasayag, philosophe et psychanalyste, a été remercié le 18 mars par France Culture, après un an et demi d’antenne. « J’ai été renvoyé pour les raisons mêmes qui avaient motivé mon embauche : mes convictions politiques et philosophiques de gauche. C’est de la censure », dénonce le chroniqueur de l’émission « Les matins de France Culture ». Laure Adler, directrice de la radio, lui aurait reproché d’être « trop militant, trop engagé ». L’ex-conseillère de François Mitterrand estime qu’il « a transformé sa chronique en plaidoyer pour l’altermondialisation » et précise, à l’AFP, qu’elle lui avait déjà demandé de « corriger cette dérive, ce dont il n’a pas tenu compte ». Certains journalistes dénoncent l’attitude de la direction. Ils estiment que Benasayag est victime de sa dernière chronique virulente envers le gouvernement (voir encadré). « D’ailleurs, ce licenciement a eu lieu à la veille des élections », commente-t-on. Le chroniqueur ne semble cependant pas prêt à s’insurger : « Après avoir vécu la prison et la dictature en Argentine, je n’ai pas l’intention de mener un combat contre Laure Adler pour un fait qui m’importe peu. » En revanche, la Société des journalistes (SDJ) s’insurge : « C’est inacceptable. Sa liberté de ton est sanctionnée parce que jugée politiquement incorrecte. » Elle pointe aussi les différences de traitement. Sur une affaire précédente, la SDJ avait réagi à certains propos d’Alexandre Adler, journaliste au Figaro. « Laure Adler nous a répondu que les chroniqueurs avaient une totale liberté d’expression. » Orianne Dupont