Le bonheur attend le nombre des années
L'Insee a décidé de faire dans le ressenti. L'Institut national de la statistique et des études économiques s'est penché sur le sentiment de « bonheur » et de bien-être des Français, à l'occasion de la parution aujourd'hui de son « portrait social » ...Bastien Bonnefous- ©2008 20 minutes
L'Insee a décidé de faire dans le ressenti. L'Institut national de la statistique et des études économiques s'est penché sur le sentiment de « bonheur » et de bien-être des Français, à l'occasion de la parution aujourd'hui de son « portrait social » annuel du pays, qui fait le point large sur l'année 2007 (emploi, inflation, démographie, inégalités...).
· La crise de la quarantaine S'appuyant sur une question posée aux Français depuis 1975 - « Dans l'ensemble, êtes-vous satisfaits de la vie que vous menez ? » -, les très sérieux statisticiens en sont arrivés à la conclusion populaire que l'argent ne fait pas le bonheur. D'après leurs mesures, le sentiment de bien-être, fort durant la jeunesse, baisse jusqu'à la quarantaine, atteint son « apogée » entre 65 et 70 ans, puis rechute, souvent à cause de la maladie ou du deuil. Explications de Vincent Marcus, l'auteur de l'étude : « A partir de 60 ans, on a révisé ses attentes et acquis de l'expérience et de la sagesse. » Surtout, l'institut estime que « la courbe du bonheur n'est pas celle du revenu », car celui-ci est censé être à son maximum vers 45 ans. Moralité : « La recherche du bonheur reste essentiellement une affaire personnelle », et l'argent ne peut qu'y « contribuer ».
· Les prix à la loupe Autre affaire de ressenti, l'Insee s'est attaqué à la distorsion entre la perception par le public d'une forte hausse du coût de la vie, et l'évolution réelle des prix. Pour l'institut, entre 2000 et 2005, l'« indice des prix à la consommation » a grimpé de 5 %, et celui du « coût de la vie » de 6 %. Une différence jugée donc « faible ». Résultat, si l'Insee et le public divergent, c'est « parce qu'ils ne parlent pas de la même chose », estime le statisticien Jérôme Accardo. L'Insee mesure les prix d'un « panier fixe » de biens de consommation, alors que le public compare les prix de produits « évoluant au fil des ans en fonction des progrès techniques ». En clair, comparez le même téléviseur entre 2000 et 2005 et vous constaterez que son prix baisse ; comparez un téléviseur époque 2000 et un autre plus évolué époque 2005, et son prix aura grimpé.