Antonio Ferrara, le «roi de la belle», joue à cache-cache avec la cour
JUSTICE•Il tente de faire profil bas .Mais cinq ans d'isolement total à Fleury-Mérogis n'ont pas émoussé son sens de la formule et son verbe haut...Bastien Bonnefous
«Ça, madame la présidente, c'est une question qui sent les menottes…» Antonio Ferrara a le sens de la formule et du spectacle. Surtout, le «roi de la belle» n'a pas l'intention de se faire piéger par les assises qui le jugent pour son évasion à l'explosif de la prison de Fresnes en mars 2003.
«On va pas refaire le match»
Ce mercredi, pendant plus de deux heures, «Nino» a joué avec la cour, interrogé sur sa vie courte de 34 ans mais tellement riche en événements. Souriant, calme et le muscle sec sous un polo à manches courtes, Ferrara a tout fait pour décoller l'étiquette d'ennemi public n°1 qui le suit dans les prétoires. «Je me demande souvent comment je suis arrivé là», fait-il mine de s'interroger, confessant plus tard être «d'une banalité bête».
Son casier déjà chargé de braquage de banque, attaque de fourgon blindé, tentative d'homicide et d'une première évasion en 1998? «On va pas refaire le match», tranche le jeune Italien arrivé en France à 10 ans et atterri en famille cité Gabriel à Choisy-le-Roi.
«Ni quarterback, ni quoi que ce soit»
Ses quatre ans de cavale entre 1998 et 2002? «J'aime bricoler et je suis un gros bricoleur», glisse-t-il sans un mot de plus à la présidente. A l'isolement total depuis cinq ans, Ferrara jure ne pas être un chef d'équipe. «Ni quarterback, ni quoi que ce soit, je ne suis que le représentant de ma cause.»
«En matière de justice, il n'y a pas de surcoupable»
Une cause assez motivante pour qu'un commando l'extrait de Fresnes à la roquette. «Ces gens qui sont venus me chercher, ne sont pas venus pour tuer. Pour ma liberté, je suis prêt à mourir, mais ôter
la vie d'un autre, non!», affirme-t-il sans sciller.
Avant de conclure, théâtral : «En matière de justice, il n'y a pas de sous victime, mais il n'y a pas non plus de surcoupable».