Affaire Rossi: le gouvernement n'a pas de comptes à rendre, selon Fillon
REACTIONS•Alors que la polémique enfle après le limogeage du coordinateur des services de sécurité en Corse...Avec agence.
Alors que la polémique enfle après le limogeage de Dominique Rossi, le coordinateur des services de sécurité en Corse, François Fillon est sorti de sa réserve, mardi. «Aucun commentaire à faire à ce sujet, le gouvernement décide des fonctions des hauts-fonctionnaires et ne rend pas de comptes sur ces questions», a déclaré le chef du gouvernement, en marge d'un déplacement consacré à la rentrée scolaire à Saint-Valéry-en-Caux (Seine-Maritime).
Pas de fautes
Plus tôt, le syndicat des commissaires de police a «regretté» le limogeage de Dominique Rossi. Par la voix de son secrétaire général adjoint, Emmanuel Roux, il a estimé que le coordinateur des forces de sécurité en Corse n’a commis aucune faute.
Dominique Rossi a été démis de ses fonctions, lundi soir, par le ministère de l'Intérieur. Une sanction directement liée à sa gestion de l'occupation samedi par une cinquantaine de militants indépendantistes de la villa de Christian Clavier à Porto-Vecchio.
Une décision jugée «disproportionnée» par le secrétaire général du Syndicat indépendant des commissaires de police (SICP), Olivier Boisteaux. Dans un communiqué, il déclare avoir appris «avec étonnement la mutation précipitée de notre collègue Michel Rossi» qui «assumait la lourde responsabilité de la coordination des services de sécurité en Corse». Et d’ajouter: «Il ne peut que nous apparaître disproportionné et hâtif de sanctionner ainsi un haut-fonctionnaire» qui «satisfaisait aux contraintes d'un poste hors normes». Le SICP, second syndicat de commissaires de police, assure Dominique Rossi de son «plein soutien».
Dominique Rossi aurait été prévenu de l'intervention des nationalistes la veille de l’envahissement du jardin de Christian Clavier, par l’appel téléphonique d'un responsable de la Direction centrale du renseignement intérieur. Le Monsieur Sécurité de l’Ile de Beauté avait à sa disposition trois escadrons de gendarmerie, qui n'ont pas été utilisés pour prévenir l'occupation des nationalistes.
«On aurait fusillé Rossi?»
«Ce n'est pas l'affaire Clavier, mais l'affaire Rossi», a déclaré sur France Info Emmanuel Roux, qui défend ardemment «un très haut fonctionnaire, expert du renseignement qui connaît son métier comme sa poche».
«Son métier est d'arbitrer. En l'occurrence en Corse, on ne cherche pas l'affrontement, la bagarre dans la police. Son choix a été excellent car il n'y a pas eu de dégâts chez Christian Clavier», a confié le représentant syndical. «Qu'est-ce qu'on aurait fait à Dominique Rossi si, face à des forces de police lourdes, des manifestants se seraient rebellés devant ce qu'on aurait appelé une provocation policière et auraient cassé le lotissement? On aurait fusillé Rossi?»
Interviewé par Libération,Jean-Guy Talamoni, le leader de Corsica nazione indipendente, présent samedi pendant la manifestion des indépendantistes, fustige également la sanction : «Ça montre bien comment la Corse est gérée : c'est l’arbitraire total ! D’habitude, c’est nous qui en faisons les frais. Là, c’est un rouage de l’Etat français.»
De son côté, Frédéric Lefebvre, un des porte-parole de l'UMP, juge que Michèle Alliot-Marie «a parfaitement eu raison de prendre» la décision de relever de ses fonctions le coordinateur des forces de sécurité en Corse. «Quand il y a une faute, il y a une sanction. Je crois que c'est la moindre des choses», a-t-il indiqué sur France 2.
Le commissaire a-t-il servi de «fusible» comme le pense Emmanuel Roux? Sa mise à l’écart est-elle justifiée? Dites-nous ce que vous en pensez…