Les handicapés veulent sortir de la pauvreté
SOCIAL – La Conférence nationale du handicap se tient mardi à Paris, en présence notamment de Nicolas Sarkozy…Avec agence
A l'heure du «travailler plus pour gagner plus» et de l'accent mis sur la valeur travail, les handicapés réclament une reconsidération de leur situation. Beaucoup d'entre eux ne peuvent en effet pas travailler, et d'autres, reconnus aptes, peine à trouver un emploi.
Une voie sans issue qui a pour conséquence de maintenir les handicapés sous le seuil de pauvreté et contre laquelle se rebellent les associations, mardi, à l’occasion de la Conférence nationale du handicap qui se tient à Paris.
20% de chômage
«Le discours actuel marginalise les personnes en situation de handicap ou de maladie invalidante, dont la seule perspective est de vivre sous le seuil de pauvreté», fait remarquer l'Association des paralysés de France (APF). L'association fait aussi remarquer que l'incitation à travailler est faible quand on voit le montant de son allocation (AAH) réduit à la reprise d'un travail, certains handicapés ne touchant pas plus en travaillant, notamment en ESAT (établissement d'aide par le travail).
Quelque 810.000 personnes handicapées qui ne peuvent travailler, ou travaillent à temps partiel, perçoivent l'AAH (allocation adulte handicapé) dont le montant maximum est de 628,10 euros, en deçà du seuil de pauvreté (817 euros mensuels pour une personne seule). Nicolas Sarkozy, qui prononcera un discours d’ouverture à la Conférence, a promis que cette allocation sera revalorisée de 3,9% au 1er septembre et gagnera sur 5 ans 25%. Insuffisant pour les associations qui préfère promouvoir le retour à l’emploi, alors que 725.000 personnes handicapées occupent actuellement un emploi.
Car les travailleurs handicapés ont un taux de chômage de 20%, soit plus du double de la moyenne nationale. Ils sont également plus âgés que la moyenne (31% ont plus de 50 ans contre 16%) et ont un moins bon niveau de formation: seuls 19% ont au moins le niveau Bac contre 40% pour l'ensemble des publics.
Progressivement déscolarisés
Selon une étude réalisée à la demande d'Arpejeh, association créée par plusieurs entreprises (SFR, Air France, LVMH, l'Oreal ...) pour soutenir les projets d'études de jeunes handicapés, «il n'y a pas égalité des chances entre élèves handicapés et non handicapés».
En 2006/2007, 69% des jeunes handicapés étaient en primaire. Ils ne sont plus que 27% dans le secondaire et seulement 4% en études supérieures, et cette déperdition n'est pas seulement dûe au handicap, précise l'étude mais surtout «à des obstacles sociaux et culturels».
L'obstacle le plus important vient de l'entreprise. Plus de 20% des 100.000 entreprises d'au moins 20 salariés, concernées par l'obligation d'employer au moins 6% de travailleurs handicapés, n'en compte aucun et préfère payer des pénalités. En 2006, le «quota» était de 4,4% dans le privé et 3,5% dans la fonction publique.