INTERVIEW EXCLUSIVEXavier Bertrand: «Les résultats du service minimum vont au-delà de nos prévisions»

Xavier Bertrand: «Les résultats du service minimum vont au-delà de nos prévisions»

INTERVIEW EXCLUSIVELe ministre du Travail revient pour 20 Minutes sur cette journée d'action pour la défense des retraites et sur la mise en place...
Le ministre du Travail Xavier Bertrand doit recevoir lundi, à tour de rôle, syndicats et patronat pour leur exposer ses projets, avec l'amélioration de l'emploi des seniors en ligne de mire.
Le ministre du Travail Xavier Bertrand doit recevoir lundi, à tour de rôle, syndicats et patronat pour leur exposer ses projets, avec l'amélioration de l'emploi des seniors en ligne de mire. - Pierre Verdy AFP/Archives
Recueilli par David Carzon

Recueilli par David Carzon

Xavier Bertrand, ministre du Travail, revient en exclusivité pour 20 Minutes sur cette journée d’action pour la défense des retraites et sur la mise en place, pour la deuxième fois au niveau national, du service minimum. Selon le ministre, le service minimum a permis d’empêcher la paralysie du pays.

C'est la deuxième fois que le service minimum est mis en place. Avez-vous atteint vos objectifs?
Un an après le vote de la loi, le service minimum, ça marche. Les moyens de transports fonctionnent, l'information est renforcée, c'est ce qu'attendaient les Français. Cela prouve que l'on peut à la fois garantir le droit de grève et ne plus pénaliser les usagers. L'objectif était d'éviter les paralysies que l'on a trop connues par le passé. Désormais, il peut y avoir des perturbations, mais nous n'avons plus de blocages.

Comment cela se traduit ?
Avant, un petit nombre de grévistes provoquait la paralysie. Aujourd'hui, nous avons compté 39% de grévistes parmi les agents de conduite à la SNCF. Pourtant, les résultats du service minimum vont au-delà de nos prévisions. Par exemple, sur le RER B, nous sommes à 56% du trafic, alors que nous pensions être à moins de 50%.

Qu'est-ce qui a changé concrètement?
La déclaration 48 heures à l'avance nous permet de savoir avec précision qui fera grève et d'organiser le trafic en fonction des horaires et des lignes prioritaires. Nous ne nous contentons plus d'indiquer qu'un train sur deux circulera, mais nous sommes en mesure de préciser les horaires des trains qui circuleront. A la SNCF, depuis le début de l'année, le nombre de procédures de prévention des conflits a été multiplié par deux, tandis que le nombre de préavis de grève a été divisé par trois.

Le trafic a été quand même très perturbé à Marseille, Lyon ou Strasbourg…
Il y a des endroits où, à l'avenir, il faudra être plus précis sur les dessertes à mettre en place, sur les horaires et les lignes prioritaires, sur l'information des voyageurs. Nous voulons qu'il y ait les mêmes pratiques sur l'ensemble du territoire. Nous allons faire le bilan et voir comment nous pouvons encore améliorer le service minimum.

Le service minimum semble mal parti à l'école…
Quand nous l'avons mis en place dans les transports, j'ai entendu les mêmes remarques: «Ça ne marchera jamais, c'est anticonstitutionnel…» Tous ceux qui disaient cela ont été démentis par les faits. L'enjeu, c'est de permettre aux parents de faire accueillir les enfants, beaucoup de familles n'ayant pas les moyens de s'organiser. Les questions soulevées par certains élus sur les responsabilités et le financement trouveront leurs réponses concrètes dans la loi.

Sur la question des retraites, 41 années de cotisation ne peuvent pas être l'unique réponse pour beaucoup. C'est votre avis?
Le sujet est effectivement plus vaste, plus complexe et nous sommes tous d'accord pour dire que le cœur de ce dossier, c'est l'emploi des seniors. Nous travaillons avec les partenaires sociaux sur cette priorité. Pour ma part, je propose 28 mesures très concrètes sur le tutorat en entreprise ou l'amélioration des conditions de travail des seniors.