Les politiques au top de la mode

Les politiques au top de la mode

Les gardes de l'Elysée ont dû en prendre plein les mirettes, le 10 mars. Ce soir-là, une brochette de ministres grimpe sous leurs yeux les marches de l'Elysée à l'occasion du dîner d'Etat pour Shimon Peres : Rachida Dati en robe Dior bleu nuit fendue...
Laure de Charette

Laure de Charette

Les gardes de l'Elysée ont dû en prendre plein les mirettes, le 10 mars. Ce soir-là, une brochette de ministres grimpe sous leurs yeux les marches de l'Elysée à l'occasion du dîner d'Etat pour Shimon Peres: Rachida Dati en robe Dior bleu nuit fendue mi-cuisse, Michèle Alliot-Marie en satin brodé écru, suivies de Christine Albanel et Valérie Pécresse drapées en Yves Saint Laurent, Gaultier ou Chanel.


Le quotidien anglais «Daily Mail» parle alors des «sirènes de Sarkozy». Du jamais-vu. «Aujourd'hui, les ministres ont une panoplie : un ordinateur, un directeur de cabinet, un couturier!», résume Janie Samet, journaliste de mode pendant cinquante ans.


En 1985 déjà, Jack Lang introduisait le col Mao siglé Thierry Mugler à l'Assemblée (voir l'archive INA). Mais aujourd'hui, l'ère du tout-images pousse à la surenchère esthétique. Une aubaine pour les griffes.


Ministre, un porte-drapeau idéal


Tailleurs, robes du soir, sacs : tout est prêté, à la demande des politiques, et doit être rendu. Seules les chaussures sont données. «L'échange est équilibré», pour Didier Grumbach, président de la Fédération française de la couture. Pour la femme politique, c'est l'assurance d'être mise en valeur dans des robes qui avoisinent souvent les 15 000 euros.


Pour la marque, l'entente cordiale avec le pouvoir peut se révéler utile. Comme en 1982, quand Jack Lang accorde aux créateurs de défiler dans la cour du Louvre. C'est aussi une touche de modernité assurée. «Christine Lagarde en Chanel, ça nous fait de la publicité», indique Marie-Louise de Clermont-Tonnerre, directrice des relations extérieures.


Du moins dans l'Hexagone. Côté visibilité, «Christine Lagarde n'est pas Sharon Stone tout de même !», indique un créateur. En outre, toutes les ministres ne sont pas dans les petits ciseaux des meilleurs: «Si Rama Yade veut emprunter une tenue, c'est oui. Si c'est une ministre peu élégante, on lui indiquera où l'acheter», confie une maison.


Dior, Carla et Nicolas Sarkozy adorent


Certains pros ont trouvé Carla «boudinée» dans son manteau à Londres fin mars. En fait, l'ex-mannequin a exigé des couturiers qu'ils l'habillent gratuitement sous condition qu'aucune retouche ne soit effectuée aux tenues prêtées, pour éviter toute dépense. Une première.


Selon le «Sunday Times», le chic de sa panoplie Dior devrait booster les ventes à hauteur d'1,2 million d'euros. Sacrilège, Cécilia, elle, avait participé à la cérémonie d'investiture de son mari en Prada, une marque italienne. Quant à Bernadette Chirac, elle arborait souvent les couleurs de Dior. Il faut dire que Bernard Arnault, actionnaire majoritaire, était généreux avec sa Fondation.


Le Président, fan de Ray-Ban et de montres Patek Philippe, est passé de Lanvin à Dior au cours de la campagne. Il était temps, estime Philippe Ridet, journaliste politique du Monde : «Qui n'a pas vu [le candidat] Sarkozy dans des vestes trop épaulées et trop longues ne sait pas ce qu'est le mauvais goût», ose-t-il dans son livre Le Président et moi (éd. Albin Michel).

Rachida Dati, mannequin ou ministre ?


Elle est la seule ministre à disposer d'un «vestiaire permanent» chez Dior. La seule à s'être rendue aux 60 ans de la marque en septembre dernier. La seule enfin à avoir fait la une de «Paris Match», posant dans une robe Dior rouge et rose imprimée panthère, en bas résilles et bottes. «C'était une erreur. Une ministre n'a pas à jouer les mannequins, chacun son rôle», tranche Janie Samet.


La garde des Sceaux semble en tout cas prendre goût au luxe. En février, Yves Saint Laurent lui aurait réclamé 39 000 euros, équivalant à des robes, pantalons et tailleurs empruntés, mais jamais rendus. Depuis, les affaires ont retrouvé leur vestiaire. Et la ministre a carte blanche chez le concurrent Dior. Dont elle assure la promotion sans tabou.



Qu'en pensez-vous? Ne serait-il pas plus simple de faire entrer Carla Bruni au gouvernement plutôt que d'habiller Christine Lagarde en Chanel?