Les regrets de Monique Olivier
JUSTICE•Pour la première fois, l'épouse de Michel Fourniret...Avec agence
Monique Olivier, épouse de Michel Fourniret, jugée avec lui par la cour d'assises des Ardennes, a déclaré mardi pour la première fois qu'elle «regrettait» sa participation à certains des crimes reprochés à son mari, sans parvenir à expliquer sa passivité.
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Sous le feu des questions lors de ce quatrième jour d’audience, l'épouse de Michel Fourniret a lâché d'une voix à peine audible: «avec le recul je regrette tout ce qui a été fait, c'est vraiment affreux». Un peu plus tôt, elle avait été confrontée aux lettres, échangées en 1987, entre Michel Fourniret, alors en prison à Fleury-Mérogis, et elle-même. Des courriers dans lesquels il faisait étalage de ses projets criminels.
Le pacte
«A ce moment-là vous l'aimiez Michel Fourniret?», a interrogé le président. «Non, mais j'étais tellement seule qu'il fallait que je m'imagine» éprouver cet amour, a répondu Monique Olivier. Et d’expliquer que si elle avait accepté le pacte proposé par Fourniret dans ces lettres, à savoir trouver de jeunes vierges en échange de son engagement à tuer son ex-mari, c'était pour «récupérer ses enfants» nés de cette union passée.
Isabelle Laville sera enlevée et tuée deux mois après la sortie de prison de Fourniret. C’est Monique Olivier qui conduit la voiture dans laquelle monte la jeune fille de 17 ans. «Un acte rituel du pacte satanique», selon Alain Behr, avocat de la famille Laville qui s'adresse d'un ton très ferme à Monique Olivier: «Qu'en pensez-vous?». Et elle de bredouiller: «Pas de réponse».
Responsables d'autres disparitions?
Le matin, un témoin de la partie civile avait laissé entendre que Michel Fourniret et Monique Olivier étaient impliqués dans d'autres disparition. Lors de son audition, Stéphane Brasseur, un inspecteur de police belge ayant participé aux interrogatoires des époux après l'arrestation de Michel Fourniret en juin 2003, dans le sud de la Belgique, a jeté le trouble sur les aveux de Monique Olivier. «Moi je pense qu'elle n'a peut-être pas tout dit, je pense qu'elle sait encore des choses», a-t-il déclaré à l'évocation du cas d'une jeune fille au pair disparue du jour au lendemain après avoir séjourné chez les Fourniret dans les années 1990.
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Du pain béni pour un avocat des parties civiles qui s’est alors tourné vers l’épouse et complice présumée pour l’interpeller: «Madame Olivier, quand allez-vous livrer tous vos secrets?». Et elle de répondre: «J'ai tout dit, je ne vois pas pourquoi je cacherais autre chose». Pendant cet échange, Fourniret, qui d'habitude l'ignorait, a lancé un regard vers son épouse, guettant ses réponses puis restant sans réaction.
Lors de plusieurs interrogatoires en juin 2004, Monique Olivier en était progressivement venue à accuser son mari de neuf meurtres. Outre les sept jugés au procès, elle avait aussi évoqué le meurtre de Farida Hamiche, compagne d'un ancien codétenu de Fourniret, et celui par étranglement d'une jeune fille au pair qu'elle n'avait toutefois pas identifiée devant les enquêteurs. Celle-ci n'a jamais été retrouvée.
Au total, après de nouveaux aveux en juin 2005, ce sont onze meurtres que Monique Olivier a dénoncés. Les deux derniers sont ceux de Marie-Angèle Domèce et de la Britannique Joanna Parrish qui ont valu à la mi-mars une double mise en examen pour assassinat de Michel Fourniret, et d'elle pour complicité.
De son côté, Michel Fourniret a reconnu les sept homicides pour lesquels il est actuellement jugés, ainsi que celui de Farida Hamiche.