JUSTICELe sel et les lobbies agro-alimentaires intentent un procès en diffamation

Le sel et les lobbies agro-alimentaires intentent un procès en diffamation

JUSTICEUn chercheur de l'Inserm est sur la sellette pour les avoir accusés de désinformation…
Sa. C. avec agence

Sa. C. avec agence

Le procès qui s’ouvre jeudi a un air de David contre Goliath. Pierre Meneton, chercheur de l'Inserm, est sur la sellette pour avoir accusé les industriels de l'agro-alimentaire, particulièrement ceux du sel, de désinformation. Ceux-ci le poursuivent ce jeudi pour diffamation devant la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris.


«Je n'ai pas prononcé cette phrase par hasard»


L'affaire remonte à 2006. Dans une interview sur l'excès de sel dans les aliments, Pierre Meneton s'en prend au «lobby des producteurs de sel et du secteur agroalimentaire industriel», selon lui «très actif», qui «désinforme les professionnels de la santé et les médias».


«Je n'ai pas prononcé cette phrase par hasard», a affirmé le chercheur, attaqué notamment par le Comité des salines de France. «Je démontrerai que cette phrase est juste, et qu'elle souligne les problèmes liés au lobbying en général», dit-il, affirmant que l'abus de sel fait chaque jour «plus d'une centaine de morts».


4g de sel par jour


La communauté scientifique admet généralement que 4g de sel sont suffisants pour combler les besoins quotidiens d'un adulte, selon l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). L'organisation mondiale de la santé (OMS) préconisait en mai 2007 une consommation maximale de 5g par jour.


En France, la consommation quotidienne des adultes, sans compter le sel ajouté à table, était de 8,1g par jour en 1999, selon les enquêtes de l'Afssa, et de 7,7g en 2007, soit une baisse d'environ 5%. «La consommation a baissé, mais il faudrait qu'elle baisse plus», estime Marie-Christine Favrot, qui dirige l'évaluation des risques nutritionnels et sanitaires de l'Afssa. En 2002, l'Agence, favorable à ce que la quantité de sel soit mentionnée sur les étiquettes des produits alimentaires, avait pour objectif une réduction de la consommation de 20% sur cinq ans. «Le scandale, c'est que la consommation est imposée à l'insu des gens», souligne Pierre Meneton.