Il avait été inauguré par le général de Gaulle et avait fait la fierté de son port d’attache, Le Havre. Malgré les tentatives de sauvetage des associations de défense, le démantèlement de l’ex-«France» a démarré depuis quelques jours à Alang, en Inde.

«D’après nos informateurs sur place, la pointe avant, les hublots et le pont supérieur du bateau ont bel et bien démontés. Cette fois, c’est la fin, j’en ai peur», soupire Jacques Lhéritier, président de l’association Pour le paquebot France. Contenant plus d’un millier de tonnes d’amiante à son bord, le navire avait été cédé par son propriétaire, le groupe asiatique Star Cruises, à un ferrailleur indien.

Un «abandon» vivement dénoncé par les nombreux admirateurs du paquebot. «C’est le dernier transatlantique français et le gouvernement français n’est jamais intervenu pour le sauver, peste Jacques Lhéritier. Pourtant, Nicolas Sarkozy lui-même nous avait promis de surveiller le bateau. Et les occasions n’ont pas manqué en 2004 et 2005 alors que le paquebot était en réparation en Allemagne. Ce qui arrive aujourd’hui est un véritable gâchis pour notre patrimoine maritime.»

Construit en 1957 et 1961 aux chantiers navals de Saint-Nazaire, le «France» avait été rebaptisé «Norway» en 1979 après son rachat par la compagnie de croisière NCL. Très populaire à l’époque, ce liner richement meublé a connu en 2003 un épisode tragique avec la mort de trois marins à la suite de l’explosion d’une de ses chaudières. Renommé début 2006, c’est finalement sous le nom de «Blue Lady» qu’il finira donc ses jours. Sa valeur en ferraille est aujourd’hui estimée à 12 millions d’euros.