Pierre Chanal se dérobe pour de bon
Il avait prévenu. En 1995, dans la seule interview que Pierre Chanal a donnée, il expliquait : « Si je devais un jour être jugé pour des faits que je n’ai pas commis, ma résolution est prise, je mettrais fin à mes jours. » L’ancien adjudant s’est tué dans© 20 minutes
Il avait prévenu. En 1995, dans la seule interview que Pierre Chanal a donnée, il expliquait : « Si je devais un jour être jugé pour des faits que je n’ai pas commis, ma résolution est prise, je mettrais fin à mes jours. » L’ancien adjudant s’est tué dans la nuit de mardi à mercredi, vers 0 h 45, dans son lit du CHU de Reims. Hospitalisé depuis lundi, il refusait de se rendre aux assises. Son procès a été définitivement stoppé hier : il ne sera donc jamais jugé pour le meurtre de trois des huit « disparus de Mourmelon » entre 1980 et 1987. L’ancien militaire, âgé de 57 ans et radié de l’armée en 1987, s’est suicidé en utilisant une « technique de commando », selon le procureur général Yves Charpenel. D’après les premières constatations, il s’est sectionné l’artère fémorale au niveau de la cuisse gauche avec une lame de rasoir jetable. « Il s’était fait deux garrots sur les jambes, rendant l’hémorragie plus rapide et moins douloureuse », a précisé le procureur. Son agonie n’aurait ainsi duré qu’entre « quatre et sept minutes ». Deux enquêtes ont été ouvertes pour déterminer comment Pierre Chanal a pu se procurer les lames (lire ci-dessous). En mai, il avait déjà essayé de se donner la mort en avalant des médicaments, deux jours avant la date initialement prévue pour son procès. Selon son avocat, Me André Buffard, il avait aussi tenté de « se taillader les veines » à la mi-juillet : « Il voulait en finir, il savait qu’il était condamné d’avance. » Pour Me Gérard Schemla, qui devait défendre plusieurs familles de disparus, ce geste est au contraire « la preuve de la culpabilité d’un tueur en série ».