Environnement: des vignettes pour lutter contre la pollution
•A partir de vendredi les automobilistes pourront demander leur fameuse vignette de couleur destinée ...© 2016 AFP
A partir de vendredi les automobilistes pourront demander leur fameuse vignette de couleur destinée à mieux gérer la circulation et lutter contre la pollution en ville.
Le petit papillon ne sera toutefois utile que si les communes décident, comme Paris et 200 villes européennes, de mettre en place notamment des zones d'accès restreint.
Des vignettes, pour quoi faire?
Ce "certificat qualité de l'air" identifiera les véhicules selon leurs émissions (oxydes d'azote, particules).
Une "pastille verte" avait déjà été instituée en 1998 par le gouvernement Jospin, pour les véhicules les moins polluants, ainsi autorisés à circuler lors des pics de pollution. Mais le dispositif fut levé faute d'efficacité, devant le nombre de dérogations et l'abandon de la circulation alternée.
Depuis la loi de transition énergétique de 2015, les collectivités peuvent créer des zones d'accès restreint.
L'automobiliste, selon sa vignette et les règles prises par les maires, pourra - ou non - circuler dans les zones à restriction, toute l'année ou certains jours, bénéficier de certains modes de stationnement ou de voies réservées.
La pollution atmosphérique, troisième cause de mortalité évitable, responsable de 48.000 décès annuels en France, est pour une bonne part liée aux transports.
A Paris, 44% des concentrations de particules viennent du trafic routier (près de 60% si on inclut les importations), souligne Airparif, chargé de la surveillance de l'air.
Comment ça marche?
Le site www.certificat-air.gouv.fr ouvrira vendredi. Les automobilistes pourront y demander leur vignette, ronde et de couleur.
Elle leur sera facturée 4,18 euros (dont 3,70 de coûts de fabrication), et comportera un "flashcode" pour limiter les fraudes.
Pour les voitures particulières, six macarons sont prévus: vert pour "zéro émission" (véhicules électriques ou à hydrogènes), puis numérotés de 1 à 5. Du "1" violet pour les normes Euro 5 et 6 essence, au "5" gris pour les Euro 2 diesel. Pas de vignette en revanche pour les voitures immatriculées avant le 1er janvier 1997.
Ce dispositif, baptisé "Crit'Air", concerne aussi les deux-roues, les utilitaires légers, les poids lourds et les autocars, avec une classification différente.
Dans les rues, des panneaux de signalisation devront indiquer les mesures en vigueur.
Ne pas respecter les restrictions fait encourir une amende (contraventions de 4e classe pour les bus et poids lourds, de 3e classe pour les autres).
Quelles villes concernées?
Pour l'instant seul Paris a prévu des restrictions. Dès vendredi, les voitures immatriculées avant le 1er janvier 1997 et les deux-roues avant le 1er janvier 1999 ne devront plus circuler la semaine entre 08H00 et 20H00.
Il y aura des contrôles, sans sanctions jusqu'en octobre.
Difficile de savoir combien de voitures sont concernées. Selon le site d'annonces AutoScout24, près de 700.000 véhicules ont plus de 19 ans en Ile-de-France, dont 74.900 à Paris. Mais la part modale de l'automobile au sein de la capitale est faible: 7% des déplacements.
Selon Airparif, ces mesures permettraient d'y réduire les polluants d'environ 5%.
Grenoble pourrait recourir aux vignettes pour gérer les pics de pollution. A Strasbourg et Bordeaux, des consultations sont engagées.
Vingt villes ont répondu à l'appel à projet "Villes respirables", qui inclut cette mesure.
Pour l'Automobile Club Association, il s'agit d'un "système cher, discriminant et inefficace". Pour les ONG environnementales il faut au contraire mettre les bouchées doubles, en développant transports alternatifs et aides au renouvellement des véhicules.
Et ailleurs?
Des périmètres d'accès restreint existent dans quelque 200 villes européennes.
Le mode d'identification des voitures va de la vignette en Allemagne à la reconnaissance des plaques par caméras en Grande-Bretagne.
Leur mise en place s'est accompagnée de mesures: mise en oeuvre progressive, dérogations, aides financières, etc.
"Dans tous les cas, des réductions ont été observées sur les concentrations en dioxyde d'azote et les concentrations en particules PM10", relève une étude de l'Agence de la maîtrise de l'énergie (Ademe).
Toutefois, "ce dispositif ne peut constituer à lui seul une solution", ajoute l'Agence, qui l'estime toutefoist "nécessaire".
Dans un autre avis, l'Ademe soulignait que, pour améliorer la qualité de l'air, il fallait d'abord agir sur les véhicules diesel, notamment les plus anciens non équipés des filtres à particules.