Bettencourt: «préméditation» et «préjudice» acquis pour les parties civiles qui demandent réparation

Bettencourt: «préméditation» et «préjudice» acquis pour les parties civiles qui demandent réparation

Les avocats de la fille et des petits-enfants de Liliane Bettencourt, ...
© 2016 AFP

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Les avocats de la fille et des petits-enfants de Liliane Bettencourt, parties civiles, se sont succédé vendredi pour démontrer «la préméditation» et «la manipulation» dont a été victime la milliardaire «en état de faiblesse» et demander réparation du préjudice aux héritiers.

«C'est une instrumentalisation complète de la pensée dont on exploite toutes les vulnérabilités», «on dupe, on trompe, un calcul du début à la fin», ont plaidé Me Nicolas Huc-Morel, Me Cédric Labrousse et Me Jean Veil au neuvième jour du procès en appel pour abus de faiblesse des quatre prévenus: le photographe et confident François-Marie Banier, son compagnon Martin d'Orgeval, le mandataire et avocat Pascal Wilhelm et le notaire Patrice Bonduelle.

Sur les dix prévenus jugés en première instance, deux on été relaxés, un est décédé, les autres ont renoncé à l'appel.

«Il est extraordinaire de voir la manipulation dont Mme Bettencourt a fait l'objet. On a pu lui faire écrire ce qu'on voulait. C'était une femme devenue un jouet dans les mains de personnes mal intentionnées qui ne voyaient que son porte-monnaie», s'est désolé Me Huc-Morel.

L'état de santé fragile «dès 2006» de l'héritière de L’Oréal, aujourd'hui âgée de 93 ans, atteinte de la maladie d’Alzheimer et sous tutelle, a été rappelé: surdité, cancer, opération de la hanche, ostéoporose. «On ne peut pas contredire que c'était une personne extrêmement vulnérable, c'est un point qui est acquis», a-t-il affirmé.

«L'évidence» selon l'avocat est que cette «amitié» consentie par François-Marie Banier et Martin d'Orgeval était «préméditée» et «destinée à s'accaparer cette pluie d'or».

Ce n'était «pas une relation désintéressée», «tout était prévu et organisé» avec «machiavélisme», a poursuivi Me Huc-Morel, rappelant le «train de vie à 25.000 euros par jour» du couple Banier-d'Orgeval. «Ils sont loin d'avoir ces revenus pour le mener. Cette pluie d'or, ils en avaient besoin», a-t-il estimé.

«M. Banier dit qu'il avait le plaisir de l'art mais c'était plutôt un plaisir personnel, le goût du lucre, de dépenser de l'argent», a surenchéri Me Labrousse.

Selon les avocats, «vulnérabilité et préjudice, deux éléments constitutifs de l'abus de faiblesse» sont inscrits dans le dossier. Ils ont demandé la réparation du préjudice subi par la famille, «qui n'est pas que l'argent mais une humiliation insupportable», et la confirmation des intérêts civils décidés en première instance en 2015.

Principal prévenu, François-Marie Banier avait été condamné alors à trois ans de prison dont six mois avec sursis, 350.000 euros d'amende, et 158 millions de dommages et intérêts.

Preuve «de la préméditation et de la manipulation» selon Me Labrousse: la découverte au domicile Banier-d'Orgeval «de l'intégralité des donations familiales de Liliane Bettencourt» ainsi que les courriers échangés entre «une mère et sa fille».

Sur ce point, Me Jean Veil a soutenu que le confident a été «à l'origine des dégradations familiales» entraînant Françoise Bettencourt-Meyers à engager de «difficiles» poursuites judiciaires.

Évoquant «le travail de longue haleine de cassure de la famille», l'avocat a dit ne pas croire à «l'antagonisme entre Mme Bettencourt et la famille Meyers. Il a été créé, initié et développé par M. Banier».

Prévu jusqu'au 27 mai, le procès reprend lundi à 09H30 avec les réquisitions de l'avocat général.

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