Abus de faiblesse contre Liliane Bettencourt: Banier continue à clamer son innocence
Liliane Bettencourt, la femme la plus riche de France, a-t-elle ...© 2016 AFP
Liliane Bettencourt, la femme la plus riche de France, a-t-elle été victime de son confident François-Marie Banier ? Comme au premier procès l'an dernier, le photographe, rejugé à Bordeaux avec trois autres prévenus, a maintenu n'avoir jamais profité de la vulnérabilité de son «amie».
«Une femme d'affaires» qui «tous les matins, se levait tôt, faisait sa piscine et une marche» : comme en première instance, François-Marie Banier, 68 ans, a dressé le portrait d'une femme volontaire et exerçant son libre arbitre.
L'artiste, dont l'amitié avec Liliane Bettencourt remonte à 1987, a tout juste concédé avoir constaté à partir de 2006 chez sa «mécène» de «brefs ennuis de mémoire», mais démenti avoir été omniprésent auprès de la vieille dame au point de l'isoler de sa famille.
Bénéficiant des largesses de l'héritière de L'Oréal depuis les années 1990, François-Marie Banier est soupçonné d'avoir reçu, fin 2006, un contrat d'assurance-vie de 262 millions d'euros, puis des dons faramineux jusqu'en 2009. Un testament, révoqué par la suite, faisait de lui le légataire universel de la milliardaire.
- Hiatus et dissonances -
«J'ai peut-être eu tort d'accepter beaucoup, c'est énorme, mais elle le voulait», a martelé l'ex-confident de la milliardaire, aujourd'hui âgée de 93 ans et placée sous tutelle. En première instance, il avait été condamné à la plus lourde peine : trois ans de prison dont six mois avec sursis, 350.000 euros d'amende et 158 millions de dommages et intérêts.
Si la ligne de défense n'a guère varié, le ton, lui, a changé. Exit les déclarations grandiloquentes et le cabotinage qui agaçaient le tribunal, l'artiste fait désormais profil bas. Et fond en larmes à deux reprises.
Ambiance différente aussi dans le prétoire : alors que le premier procès, où étaient jugées dix personnes, avait vu défiler témoins et experts médicaux, l'audience se résume le plus souvent à des face-à-face entre les prévenus et la présidente, Michèle Esarte.
Précises et répétées, les questions de la magistrate ont d'emblée donné le ton, soulevant par touches successives les contradictions du photographe.
Ainsi, les «dissonances» entre les rapports médicaux pointant les «troubles cognitifs évidents» de Liliane Bettencourt, dès 2006, et la «femme d'action» en pleine possession de ses moyens décrite par le photographe ; ou le «hiatus» entre le rôle «moteur» de l'artiste dans l'exécution de certains actes et son détachement affiché pour l'argent.
- Le gendre témoin -
Les bancs des parties civiles aussi se sont vidés, occupés seulement par Olivier Pelat, tuteur de la milliardaire. La fille de Liliane Bettencourt, Françoise Meyers - à l'origine de la procédure - et ses deux fils, présents début 2015, n'ont pas fait le déplacement. Seul Jean-Pierre Meyers, son époux, absent en première instance, sera entendu le 18 mai.
Un témoignage dont compte bien se saisir la défense, notamment pour éclairer les relations mère-fille chez les Bettencourt. «Qu'allait devenir le patrimoine de Liliane Bettencourt ? Est-ce que tout allait revenir à sa fille ou à son gendre à qui elle avait déjà donné 17 milliards ? Manifestement elle ne le souhaitait pas, alors elle donnait à d'autres», a affirmé à l'AFP Me Richard Malka, l'avocat de Martin d'Orgeval, compagnon de Banier, également poursuivi.
Autres prévenus dans ce dossier, dont les cas seront examinés à partir de mardi, l'avocat Pascal Wilhelm, 54 ans, mandataire de Mme Bettencourt après 2010, et le notaire Patrice Bonduelle, 54 ans, poursuivi pour complicité.
Me Wilhelm est soupçonné de s'être opposé à toute mise sous protection de sa cliente, pourtant affaiblie, et d'avoir modifié des clauses testamentaires pour s'immiscer, à son profit, dans la gestion de la fortune de la milliardaire léguée à ses petits-fils.
La cour reviendra aussi sur les 143 millions d'euros investis par l'héritière en 2010-2011 dans le groupe de l'entrepreneur Stéphane Courbit, un proche de Me Wilhelm. Condamné en première instance, M. Courbit n'a pas fait appel.
Pascal Wilhelm avait écopé de 30 mois de prison dont un an avec sursis, 250.000 euros d'amende et 2,9 millions de dommages et intérêts.
Sur les dix prévenus jugés en première instance, deux on été relaxés, un est décédé, les autres ont renoncé à l'appel. Le procès doit durer jusqu'au 27 mai, mais pourrait être écourté.