Bataclan: la commission d'enquête salue l'intervention de la police
Parfois critiquée par les victimes, l'intervention de la police au Bataclan, où elle est arrivée "un quart d'heure" après le début de la tuerie le 13 novembre, a été saluée jeudi par des membres de la commission d'enquête parlementaire.© 2016 AFP
Parfois critiquée par les victimes, l'intervention de la police au Bataclan, où elle est arrivée «un quart d'heure» après le début de la tuerie le 13 novembre, a été saluée jeudi par des membres de la commission d'enquête parlementaire.
Dans la matinée, une délégation de la commission d'enquête sur les «moyens mis en oeuvre par l'Etat pour lutter contre le terrorisme», accompagnée de policiers, a arpenté pendant deux heures la salle de concert parisienne, «pour comprendre la chronologie» de l'horreur.
Sans doute aussi pour répondre aux critiques, du côté des familles des victimes, sur le «manque d'information», les «rivalités» supposées entre services de sécurité et justice, «l'absence de communication» de la commission.
Une visite qui intervient alors que d'intenses négociations entre police et gendarmerie sont en cours au ministère de l'Intérieur pour établir un nouveau schéma d'engagement, attendu début avril, qui permettrait d'intervenir en 20 minutes maximum, partout en France.
«Notre sentiment est que les services ont fonctionné comme il fallait. A partir du moment où un policier a tué un des terroristes, il n'y a plus eu de nouvelle personne tuée», a déclaré à la presse le député Meyer Habib (UDI) à l'issue de la visite d'une quinzaine de députés, fermée au médias.
Peu avant, le député LR et ancien chef de la lutte antiterroriste au parquet de Paris, Alain Marsaud, avait expliqué : «On a reconstitué, minute par minute, les événements. D'abord au rez-de-chaussée puis à l'étage. Je suis un ancien de ces services (antiterroristes). Je n'imaginais pas qu'on soit capable d'intervenir avec cette rapidité et cette efficacité à Paris».
-'Artificielle guerre des polices'-
«Il leur a fallu deux heures pour arriver jusqu'à la fin de la progression (et donner l'assaut, NDLR), mais un quart d'heure pour que les premiers policiers fassent évacuer les premières victimes», a-t-il souligné, rejetant l'idée d'une «artificielle guerre entre polices».
«Quelle que soit la rapidité de l'intervention de la police, c'était trop tard pour ma fille (Lola), pour 129 autres personnes ... il y a beaucoup de questions sur les délais d'intervention», a réagi Georges Salines, président de l'association «13 novembre, fraternité et vérité», au micro de RTL.
Les attentats du 13 novembre, qui ont frappé huit sites à Paris et Saint-Denis, ont fait 130 morts et plusieurs centaines de blessés. Le nombre total de victimes, physiques ou psychologiques, est estimé à 4.000.
Au Bataclan, où 90 personnes sont mortes, les jihadistes sont entrés à 21H42. Un commissaire de la Brigade anticriminalité (BAC) entre à 22H00 et tire sur un des kamikazes, dont le gilet explose. La BRI (Brigade de recherche et d'intervention) arrive à 22H15, rapidement suivie du Raid, autre corps d'élite de la police. L'assaut final est donné à 00H18.
L'idée, a expliqué l'écologiste Christophe Cavard, était de «mettre des images sur les récits entendus en commission» car «pour la plupart, on ne connaissait pas la salle». «On ne peut que saluer la qualité des interventions faites par les officiers présents».
Un hommage loin de répondre à la douleur et aux questions des familles.
«Nous ne savons toujours pas à quelle heure nos enfants sont décédés. Sur le certificat (de décès), on a +entre le 13 et le 14 novembre+», a déclaré Nadine Ribet-Reinhart, dont le fils de 26 ans, Valentin, est mort au Bataclan.
«C'est bien pour les victimes que nous travaillons», lui a répondu le président de la commission parlementaire, Georges Fenech (LR), avant le début de la visite, précisant qu'il ne s'agissait «pas d'une reconstitution, qui relève de la justice», mais de comprendre «pourquoi il a fallu trois heures entre la première attaque et (la fin de) l'intervention».
Rare bémol côté politique, celui de Jean-Luc Laurent (apparenté PS), qui a dit être «gêné» que des «conclusions soient données» alors que le rapport parlementaire n'est pas attendu avant le mois de juillet.