Tabac et alcool restent les principales causes de cancer en France
SANTE – L’Académie de médecins minimise les effets de la pollution…Sa. C. avec AFP
Sans surprise, les deux principales causes de cancer en France sont le tabac et l’alcool, selon un rapport présenté jeudi à l'Académie de médecine, rédigé notamment avec le Centre international de recherche sur les cancers (OMS, Lyon) et la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer.
29.000 décès dus au tabac
Comme dans tous les pays industriels et la majorité des pays du tiers-monde, le tabac reste la principale cause de cancer (29.000 décès, soit 33,5% des décès par cancer chez l'homme, 5.500 décès, soit 10% des décès par cancer chez la femme, en 2000). Au total, le tabac est à l'origine de 18,2% des cancers en France, devant l'alcool (10,8% d'incidence chez les hommes et 4,5% chez les femmes).
Loin derrière, l'excès de poids et l'insuffisance d'exercice physique causent 2% de décès par cancer chez les hommes et 5,5% chez les femmes. Les expositions professionnelles sont à l'origine de 3,7% des décès par cancer chez l'homme et 0,5% chez la femme, en diminution.
Les traitements hormonaux de la ménopause sont à l'origine de 2% environ des décès par cancer chez la femme, essentiellement par cancers du sein et de l'ovaire. L'âge tardif du premier enfant, le faible nombre d'enfant et l'absence d'allaitement sont des facteurs de risque. En agissant sur ces caractéristiques de la vie reproductive, la fréquence des cancers du sein pourrait être réduite de 15%, avancent les auteurs.
Idées fausses
Ce rapport balaie également deux idées fausses: la part de responsabilité de la pollution dans l’apparition du cancer et l’évolution de la maladie. «Contrairement à certaines allégations, l'étude montre que 1% au plus des décès par cancer peuvent être attribués avec certitude à la pollution», indique le rapport.
«Globalement, la mortalité par cancer a diminué d'environ 13% entre 1968 et 2002 et non pas augmenté comme on le croit souvent» précise le rapport, compte tenu de l'accroissement et du vieillissement de la population française.Cette évolution d'ensemble recouvre des disparités, ainsi la mortalité par cancer de l'estomac a été divisée par cinq depuis 1950.
S'il confirme l'importance des comportements individuels, le rapport reconnaît la nécessité des recherches pour mieux appréhender les autres causes.
Ainsi, on ne trouve d'origine spécifique que pour la moitié des cancers en France, souligne le rapport. L’autre moitié des cancers développés en France n’ont donc pas de cause clairement identifiée. Chez les non-fumeurs, ce taux monte à 85% des cancers.
Les chercheurs évoquent plusieurs explications possibles (erreurs au cours de la synthèse d'ADN et de la division cellulaire, sous-évaluation de l'impact des infections, richesse en calories de l'alimentation des enfants et femmes enceintes, agents cancérogènes peu efficaces pris isolément mais qui pourraient avoir un effet conjugué à certains moments de la vie...).
Le rapport souligne également la sous-estimation du rôle des agents infectieux (hépatites B et C pour les cancers du foie, virus du sida) : «au total chez les hommes au moins 4.206 cancers, soit 2,6% de l'ensemble des cancers et chez les femmes 4.871 cancers, soit 4,2%, sont attribués aux agents infectieux».
C’est pourquoi les experts préconisent un renforcement des recherches pour découvrir l’origine de ces cancers inexpliqués.