Puisseguin: hommage au camionneur et à son fils dans un village de l'Orne
Quelque deux cents personnes ont rendu hommage lundi à Saint-Germain-de-Clairefeuille ...© 2015 AFP
Quelque deux cents personnes ont rendu hommage lundi à Saint-Germain-de-Clairefeuille (Orne) au chauffeur routier Cyril Aleixandre, 31 ans, et à son petit garçon Théo, 3 ans, tous deux morts dans la collision avec un autocar qui a fait au total 43 victimes vendredi dernier en Gironde.
La petite église était pleine. Malgré toutes les chaises rajoutées, des personnes ont été contraintes de rester debout.
A l'entrée de l'église, depuis vendredi, jour de l'accident, des photos de Cyril et surtout de Théo ont été collées sur les portes, dont une de l'enfant, passionné par le métier de son père, juché sur un gros camion jaune en plastique.
A l'intérieur, sur une petite table, avaient été placées quelques peluches et un registre de condoléances ainsi que 41 bougies correspondant au nombre de victimes de l'autocar.
Marie-Claire Beauvais Guérin, maire du village, a été la première à prendre la parole. «Cyril, tu étais connu pour ton sérieux, ton professionnalisme», a-t-elle dit, résumant l'opinion générale.
En effet la famille Aleixandre, où l'on est chauffeur de père en fils et de mère en fille, est particulièrement appréciée. «Je les connais depuis un demi siècle, ce sont des gens sérieux, dévoués», a affirmé à l'AFP, devant l'église, Philippe Bigot, l'ancien conseiller départemental du canton.
C'est Joseph, le grand père de Cyril, aujourd'hui décédé, qui a créé la société en 1977. Son fils Michel, 58 ans, lui a succédé et Cyril, le petit fils, devait reprendre l'entreprise. «Ils étaient tellement heureux d'avoir créé cette société», se souvient M. Bigot.
Actuellement, la société est fermée et ne rouvrira qu'une fois que toute la lumière aura été faite sur l'accident. Dans la cour, au bout du village, six remorques dont une citerne attendent des jours meilleurs. Sur les grilles, des gens ont accroché des bouquets de fleurs.
«Je ne sais pas si Michel va s'en remettre», a confié à l'AFP Renée, 79 ans, la grand mère et veuve de Joseph. Elle habite tout à côté, dans son ancien bar restaurant qui faisait le bonheur des routiers naguère. Elle l'a fermé mais a conservé le bar dans sa maison, recouvert de photos de son petit-fils et arrière-petit-fils.
- «Sérieux, solide» -
Elle regarde une photo de Cyril. «Il allait avoir 32 ans en janvier, il était solide, sérieux», disait-elle avant la veillée.
Puis elle prend une photo de Théo. «Il était adorable. Son père lui avait déjà acheté son Noël», soupire t-elle, un jouet qui avait rapport avec le transport routier.
Au cours de la veillée, dirigée par le père Gabriel Villemain, pendant laquelle la famille était regroupée près de l'autel, un peu à l'écart de l'assistance, des poèmes ont été lus à l'intention des deux victimes, entrecoupés de musique, suivis ensuite de cantiques et de prières.
Après la veillée, la famille devait, à bord d'un autocar affrété par la préfecture, se rendre dans la nuit en Gironde, à Petit-Palais-et-Cornemps, village décimé par l'accident, où un hommage national à toutes les victimes sera rendu mardi matin en présence du président François Hollande, du Premier ministre Manuel Valls et de plusieurs membres du gouvernement.
Lundi, à Libourne, le procureur a donné quelques éléments sur l'accident. Le camion de Cyril, qui est entré en collision avec l'autocar à Puisseguin, s'est «déporté sur la voie de gauche», avant qu'une pièce métallique ne vienne sous le choc «transpercer» un de ses réservoirs, contribuant à un embrasement rapide des véhicules.