A coups de pioche ou de retardant, le «travail de fourmi» des pompiers contre la reprise du feu
•Par avion, à la lance à incendie, voire à la pioche, pompiers ...© 2015 AFP
Par avion, à la lance à incendie, voire à la pioche, pompiers et militaires de la Sécurité civile continuaient lundi de combattre l'incendie qui a consumé 600 hectares en Gironde, noyant ses lisières d'un cocktail d'eau et de produit retardant pour empêcher la reprise des flammes.
«Un travail de fourmi», «un engagement de longue haleine» tout le long des 18 km du périmètre de l'incendie, sur un sol fumant où se relaient jour et nuit les 600 hommes mobilisés à Saint-Jean-d'Illac, résume le chef des pompiers de Gironde, le colonel Jean-Paul Decellières.
Une fois la progression du feu maîtrisée, il s'agit de «séparer zones brûlées et non-brûlées de façon à ne pas avoir de propagation par le sous-sol», explique-t-il. Munis d'une carte de l'incendie établie grâce à un survol de la zone par hélicoptère et à des relevés satellites, les pompiers au sol en suivent la lisière et noient méthodiquement la tourbe chaude à l'aide d'un mélange d'eau et de «mouillant-moussant».
«Ce produit augmente la capacité extinctrice de l'eau en la rendant plus gluante, ce qui lui permet d'améliorer sa capacité à rentrer dans le sol qui brûle», explique le colonel Dominique Mathieu, chef-adjoint des pompiers de la Gironde. Pulvérisé à haute pression par un pompier juché sur un camion-citerne contenant 3.000 à 6.000 litres qui avance au pas, ce mélange donne une couleur blanchâtre à l'eau.
Mais pour éviter que le feu ne se propage, notamment pour donner plus de temps à une intervention terrestre, un produit retardant, le «Fire trol», est utilisé par les avions Dash chargés de mettre en place des «barrières» anti-propagation du feu.
De couleur rosée, ce produit est composé à 93,5% à base de polyphosphate d'ammonium, qui recouvre le végétal et bloque les émissions gazeuses, ralentissant ainsi l'inflammation. Du ferrocyanure de sodium est également intégré au mélange pour protéger de la corrosion les voitures et objets métalliques pouvant être aspergés.
- Un travail physiquement exigeant -
Les Dash, au contraire des Canadair qui amerrissent sur un lac ou une rivière pour remplir leur soute d'eau, doivent se poser sur un aéroport pour être rechargés de ce mélange d'eau et de retardant. «Et leur couleur rouge», grâce à l'ajout d'oxyde de fer, «est destinée à permettre au pilote de voir où il a déposé sa première barrière pour en coller une autre à la suite», détaille le colonel Mathieu.
Les avions complètent ce mélange avec 4% d'argile, qui sert d'épaississant, pour que le produit, rendu plus lourd, s'écrase au sol au lieu de se disperser dans l'air.
Les militaires de la Sécurité civile, dont 73 hommes ont été déployés au sol aux côtés des pompiers sont eux aussi chargés d'arroser de «Fire trol» des zones à risques avec des lances à incendie, notamment pour protéger les habitations. Les hommes de la Sécurité civile réalisent un travail ingrat, «physiquement exigeant», souligne le capitaine Matthieu Michaud, commandant de cette unité du Génie de Brignoles (Var), placée sous la direction du ministère de l'Intérieur.
A l'aide de pelles et de pioches, ainsi qu'un bulldozer monté sur chenilles, ils retournent sans relâche la terre en lisière après l'avoir noyée. Autre fonction du bulldozer, «ouvrir des pistes pour séparer le vert du brûlé» avec une progression de 700 à 1.000 mètres par heure, indique le capitaine Michaud.
Pour recharger de produit retardant ses cinq camions, l'unité de Brignoles dispose à Saint-Jean-d'Illac d'un camion citerne de 16.000 litres de produit pur qui, une fois dilué avec de l'eau, permet d'établir 2,7 kilomètres de barrière anti-propagation du feu.
L'avantage de disperser manuellement le retardant «est que l'on peut travailler de nuit», contrairement aux avions cloués au sol dès le coucher du soleil, souligne le capitaine Michaud.