La présumée empoisonneuse en série de la Côte d'Azur mise en examen dans quatre dossiers
Patricia Dagorn, une quinquagénaire soupçonnée d'avoir séduit ...© 2015 AFP
Patricia Dagorn, une quinquagénaire soupçonnée d'avoir séduit et empoisonné au moins quatre hommes âgés vivant sur la Côte d'Azur dont deux ont trépassé en 2011, a été mise en examen et incarcérée lundi à Nice, plus de deux ans après une première condamnation.
Le parquet de Nice avait ouvert en avril 2013 une information judiciaire «contre X» pour assassinats et empoisonnements avec préméditation, à l'encontre de cette Parisienne. Celle-ci avait été condamnée le 23 avril 2013 à cinq ans de prison ferme pour vol, escroquerie et séquestration, à l'encontre de Robert, un ancien professeur de sciences économiques d'Annemasse (Haute-Savoie), un veuf âgé alors de 88 ans. Elle purgeait sa peine depuis dans une prison de la région Rhône-Alpes.
De source judiciaire, elle a été mise en examen lundi dans quatre dossiers sur des faits survenus entre 2011 et 2012: «empoisonnement avec préméditation» pour un premier décès à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) en 2011, «assassinat» pour un second décès à Nice en 2011, ainsi qu'«administration de substances nuisibles avec préméditation sur personnes vulnérables», dans deux autres dossiers à Nice et Fréjus, en 2011 et 2012.
«Les faits restent à établir pour une 5e affaire», concernant une personne elle-même décédée, a-t-on ajouté de même source.
L'avocat de la suspecte, Me Cédric Huissoud, a confirmé à l'AFP: «Elle a été entendue aujourd'hui par un juge d'instruction de Nice qui lui a notifié ce midi sa mise en examen. Mais elle sera reconvoquée plus tard, il n'y a pas eu aujourd'hui d'interrogatoire, l'entretien a été purement procédural. Elle a été placée en détention à la maison d'arrêt de Nice. Elle va pouvoir avoir accès au dossier. Elle conteste toutes les accusations portées à son encontre. Elle l'expliquera prochainement lors de cette nouvelle convocation».
- «Parcours chaotique» -
«J'ai failli mourir pour trois jours d'amour», avait raconté à l'AFP en 2013 la première victime de Patricia Dagorn, Robert, l'ex-professeur. La police avait retrouvé chez lui des flacons de valium et de méthadone.
L'enquête du parquet de Nice porte, elle, sur des faits commis sur la Côte d'Azur. L'une des victimes présumées, celle décédée à Mouans-Sartoux qu'elle avait fréquentée en 2011, avait 85 ans.
Deux autres rescapés, vivant à Fréjus (Var) et à Nice, estiment avoir subi des tentatives d'empoisonnement et se sont portés parties civiles.
L'octogénaire de Fréjus avait ainsi raconté qu'il avait rencontré Patricia en janvier 2012 par le biais d'une agence matrimoniale. Son conte de fées s'était arrêté net lorsqu'il avait découvert du valium dans la valise de sa séductrice et que son médecin avait décelé chez lui des traces d'empoisonnement.
«Je me dirigeais vers la mort sans m'en rendre compte !», avait-il déclaré dans la presse locale.
Patricia avait en sa possession lors de son arrestation des documents sur une possible cinquième victime sur la Côte d'Azur, restée toutefois introuvable.
Me Huissoud fait valoir le «parcours chaotique» de sa cliente, placée en famille d'accueil très jeune. «Son ex-mari, magnétiseur et escroc, était violent à son encontre», indique-t-il. Cette femme peu loquace, qui a beaucoup vécu des aides sociales, «dit se sentir mieux avec des gens âgés», plaide-t-il, en la décrivant comme «une personne fragile».