Le Festival de Cannes, c'est aussi le marathon des cinéphiles accrédités

Le Festival de Cannes, c'est aussi le marathon des cinéphiles accrédités

"C'est un de mes moments préférés de l'année, j'aime cette effervescence, j'ai l'impression d'être au centre du monde à Cannes", explique Ludovic, cinéphile boulimique en plein marathon cinématographique pour vivre le Festival de Cannes.
© 2015 AFP

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"C'est un de mes moments préférés de l'année, j'aime cette effervescence, j'ai l'impression d'être au centre du monde à Cannes", explique Ludovic, cinéphile boulimique en plein marathon cinématographique pour vivre le Festival de Cannes.

Il fait partie des 4.000 détenteurs du "badge cinéphile" permettant de découvrir gratuitement la Sélection officielle dans quatre cinémas de la ville, en même temps que les festivaliers. Et même de récupérer des invitations pour la montée de 22h30 du tapis rouge, grâce à une billetterie de dernière minute.

"Je fais ça depuis 15 ans", raconte Ludovic Canas, ingénieur cannois de 43 ans et enthousiaste inoxydable. "J'adore le cinéma de tous les types. Le Festival c'est l'occasion de voir du cinéma du monde entier, je recherche plutôt des films qui ne seront pas trop distribués".

Il étudie à la loupe les synopsis pour faire son programme et vient armé de provisions pour ne pas perdre de temps. "Il m'est arrivé de voir quatre à six films par jour, mais je ne le fais plus, c'est trop dur", dit ce cinéphile qui adore décortiquer "la façon dont est fait le film".

Evelyne Tcherkassky, cinéphile retraitée de l'hôtellerie de 66 ans, est moins boulimique et plus ciblée. "Pour moi, un bon film c'est de la gastronomie, j'ai besoin de digérer", confie-t-elle, "trois fois par jour c'est indigeste, on voit des gens ronfler dans la salle!". Allergique aux films hyper réalistes, elle veut avant tout "rêver".

- 'Récompense'-

"Cannes cinéphiles" ce sont tous les ans 3.000 résidents de la région Paca et 1.000 lycéens de sections cinéma en France et à l'étranger. Ils peuvent aussi faire la queue dans la limite des places restantes pour les sélections parallèles, comme "Un Certain regard, "La Quinzaine de réalisateurs" ou "La Semaine de la critique".

"Pour être accrédité, il faut faire partie d'une association de cinéphiles toute l'année, on a des critères stricts", précise Aurélie Ferrier, en charge de l'organisation. "Ce sont en définitive des gens qui donnent de l'argent au cinéma à travers leurs cartes d'adhérent, c'est une récompense!"

Elle appelle tous les jours les organisateurs du Festival pour récupérer parfois une quarantaine de places rendues par des professionnels du cinéma pour certaines séances au Palais.

Pour les seuls résidents cannois, la mairie procède tous les ans à un tirage au sort pour 1.000 places. Toute la population pourra aussi assister à des projections du vainqueur de la Palme d'Or le lendemain du palmarès.

Lorsque l'on est ni Cannois, ni cinéphile, reste la solution de la pancarte ou de l'ardoise magique aux abords du Palais des festivals, pour espèrer récupérer une invitation. L'attente peut durer des heures et rester vaine.

"Pouvoir monter les marches deux ou trois fois en robe longue pendant le Festival, j'aime, mais ce n'est pas ce que je recherche en priorité", assure Evelyne. "Un jour sur la Croisette, ca vaut le coup pour observer la foule bigarrée, mais je préfère me concentrer sur les cinémas de la ville", dit Ludovic, efficace.

La démarche n'a rien à voir avec celle des personnes juchées sur des escabeaux cadenassés, positionnés chaque année stratégiquement devant l'allée de la montée des marches, balaie Evelyne Tcherkassky. "Ce ne sont pas des cinéphiles, ils font la chasse aux autographes qu'ils revendent!".

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