C'était son dernier 8 mai
CEREMONIE – L'absence de Nicolas Sarkozy aux cérémonie du 8 mai a été remarquée...Jacques Chirac a présidé pour la douzième et dernière fois mardi la cérémonie de la victoire du 8 mai 1945 sur la place de l'Etoile à Paris, goûtant l'un de ses ultimes bains de foule présidentiels, en l'absence remarquée de son successeur Nicolas Sarkozy.
Comme le veut un rituel quasi immuable, le chef de l'Etat a déposé une gerbe sur la tombe du soldat inconnu et ravivé la flamme du bout d'une épée d'apparat. Puis il a salué les associations d'anciens combattants réunies sous l'Arc de Triomphe, décoré du grand pavois. Selon plusieurs habitués, le président s'est cependant attardé un peu plus longtemps qu'à l'accoutumée auprès des uns et des autres, serrant, tout sourire, davantage de mains.
Jacques Chirac est ainsi allé à la rencontre de jeunes lycéens installés sur l'une des tribunes officielles bordant la place de l'Etoile. «C'est un moment historique, la fin d'une époque, le départ du représentant d'une génération politique», a commenté Claire Guéville, professeur d'histoire-géographie au lycée Victor Duruy à Paris (7e), venue avec des élèves.
Le Premier ministre Dominique de Villepin, la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie et le ministre délégué aux Anciens combattants Hamlaoui Mekachera participaient également à la cérémonie. Les autres membres du gouvernement y assistaient depuis une tribune officielle érigée à l'angle de l'avenue des Champs-Elysées.
Tous portaient à la boutonnière le bleuet de France, symbole de mémoire et de solidarité. Comme chaque année, l'OEuvre nationale du Bleuet de France organise une collecte pour venir en aide aux anciens combattants en difficulté mais aussi aux victimes d'attentats et financer des «actions de mémoires».
Parti se reposer quelques jours à Malte, Nicolas Sarkozy était en revanche le grand absent de cette cérémonie. A l'avant-veille du second tour de l'élection présidentielle, il avait indiqué dans une interview qu'il n'y assisterait pas afin de ne pas «donner l'impression d'une République à deux têtes» jusqu'à la passation de pouvoir prévue dans l'après-midi du 16 mai.
Dans les rangs des anciens combattants, cette absence a été diversement appréciée. «C'est une faute, il aurait pu faire honneur à Jacques Chirac», a tranché Bernard Kutas, représentant de l'Amicale de liaison des anciens combattants juifs. «Le président de la République, c'est Jacques Chirac jusqu'au 16 mai», a relevé pour sa part Jean-Claude Gouéllain, président de la Fédération des plus grands invalides de guerre.
«On a suffisamment dit qu'il n'y avait pas d'entente cordiale entre Jacques Chirac et son ministre Sarkozy, c'était un bon moyen d'affirmer devant la population qu'il y avait une entente», a commenté Hugues Dalleau, président de l'Union nationale des combattants Au lendemain de son élection, en mai 1995, Jacques Chirac avait répondu présent à cette cérémonie du 8 mai en qualité de maire de Paris, au côté du président sortant François Mitterrand.
Sur le passage du président Chirac, les témoignages de reconnaissance pleuvaient encore mardi: «vous allez nous manquer», dit l'un, «La France vous aime», ajoute l'autre. Le président s'en est allé sur de menus applaudissements.