Lutte contre le tabac : la France en progrès mais encore loin du compte

Lutte contre le tabac : la France en progrès mais encore loin du compte

La consommation de tabac a légèrement baissé en France, qui reste toutefois le pays d'Europe où les femmes enceintes fument le plus et l'un des pays occidentaux où le tabagisme recule le plus lentement.
© 2015 AFP

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La consommation de tabac a légèrement baissé en France, qui reste toutefois le pays d'Europe où les femmes enceintes fument le plus et l'un des pays occidentaux où le tabagisme recule le plus lentement.

«Près de 30% des Français fument encore quotidiennement alors que la Grande-Bretagne a réussi à descendre sous la barre des 20%» a déclaré la ministre de la Santé, Marisol Touraine, en présentant de nouveaux chiffres sur le tabagisme. Et 200 personnes meurent chaque jour dans l'Hexagone à cause du tabac.

Selon le «Baromètre santé», une enquête réalisée entre décembre 2013 et mai 2014 par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) auprès de 15.635 personnes âgées de 15 à 75 ans, 28,2% fumaient régulièrement, contre 29,1% lors de la précédente enquête réalisée en 2010.

Mais alors que le tabagisme recule régulièrement dans les pays occidentaux depuis les années 90, le nombre des fumeurs s'est stabilisé en France au début des années 2000 et a même augmenté légèrement entre 2005 et 2010, avant de recommencer à diminuer, mais pas de manière uniforme.

Mme Touraine a souligné une baisse «très importante» - de l'ordre de 6 à 7 points - de la consommation de tabac chez les femmes âgées de 20 à 35 ans, alors qu'elle est en hausse chez celles de 55 à 64 ans. Une tendance déjà observée en 2010 chez les femmes de 45 à 64 ans.

Il s'agit de la classe d'âge la plus durement frappée par le cancer du poumon, la deuxième cause de mortalité par cancer chez les femmes après celui du sein, alors qu'il recule chez les hommes, selon les chiffres de l'Institut national du cancer (INCa).

D'autant que la durée pendant laquelle on a fumé «est beaucoup plus importante» que le nombre de cigarettes fumées quotidiennement, selon le directeur général de l'Inpes, François Bourdillon.

La ministre a également déploré que la France soit «le pays en Europe où les femmes enceintes fument le plus». 17,8% fument toujours au 3e trimestre de leur grossesse, en dépit des risques que le tabagisme fait courir à leur bébé : retard de croissance intra-utérin, malformations, mort subite, asthme...

Un pictogramme «femmes enceintes» va d'ailleurs être mis en place sur les paquets de cigarettes dans un délai de six mois, afin de «sensibiliser les femmes aux dangers du tabac».

- Pas de baisse chez les jeunes -

Le tabagisme régulier (quotidien) est en revanche globalement stable chez les hommes, mais ne diminue pas chez les jeunes, malgré les campagnes de prévention.

«A 17 ans, un jeune sur trois fume», a dit Mme Touraine, soulignant l'importance du plan anti-tabac annoncé en septembre et qui devrait se mettre en place au cours des prochains mois.

Ses mesures phare (adoption d'un paquet de cigarettes neutre, interdiction de fumer en voiture avec un enfant de moins de 12 ans, interdiction des arômes artificiels et interdiction de vapoter dans certains lieux publics) seront intégrées, par le biais d'amendements, dans le projet de loi santé présenté au Parlement en avril.

Sur la question de la cigarette électronique, de plus en plus ouvertement considérée comme un outil pour arrêter le tabac, la vigilance reste par ailleurs de mise, selon les autorités.

«Les risques sont à priori plus faibles que pour le tabac mais nous manquons de données sur son efficacité (dans l'arrêt du tabac)», résume François Bourdillon, chargé par le ministère d'une étude sur le sujet.

Un quart des personnes âgées de 15 à 75 ans déclarent avoir essayé la e-cigarette, dont 3% l'utilisent quotidiennement (soit environ 1,3 million de personnes).

Chez les 15-24 ans, près de la moitié l'ont essayée et environ 10% l'ont adoptée.

Quant à savoir combien ont arrêté de fumer grâce à la e-cig, l'Inpes évoque 0,9%, soit 400.000 personnes, un chiffre que M. Bourdillon recommande toutefois d'utiliser «avec précaution».

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