Procès dit du Carlton: la «tambouille interne» des factures
•Le tribunal correctionnel de Lille a clos vendredi la deuxième semaine d'audition du procès dit du Carlton en tentant de voir clair dans la "tambouille interne" des deux entrepreneurs Fabrice Paszkowski et David Roquet, poursuivis pour escroquerie.© 2015 AFP
Le tribunal correctionnel de Lille a clos vendredi la deuxième semaine d'audition du procès dit du Carlton en tentant de voir clair dans la «tambouille interne» des deux entrepreneurs Fabrice Paszkowski et David Roquet, poursuivis pour escroquerie.
«Elle me donnait un ordre de grandeur. Pour le reste, c'était de la tambouille interne» entre Fabrice Paszkowski et Virginie Dufour, explique l'ancien patron d'une filiale d'Eiffage, David Roquet, au sujet des autres amis nordistes de Dominique Strauss-Kahn.
Les deux hommes sont soupçonnés d'avoir fait payer les frais de leurs «rencontres sexuelles» par leurs sociétés.
Le président du tribunal, Bernard Lemaire, a l'air un peu désolé de tout ce qu'il a entendu dans ce volet financier. «On peut peut-être utiliser ce terme», souffle-t-il.
Les sommes: quelques milliers d'euros. Fabrice Paszkowski et David Roquet sont passés par la société d'événementiel de Virginie Dufour, alors petite amie du premier, pour facturer deux de leurs voyages à Washington et un dîner précédant une de leurs fameuses parties fines avec Dominique Strauss-Kahn.
Depuis jeudi après-midi, le tribunal épluche les factures incriminées et l'examen a beau être minutieux, il est forcément rapide. Les dépenses sont résumées en une seule phrase lapidaire: «organisation d'un déplacement à Washington» par exemple. Le président ne peut que constater «l'absence de contenu sur les éléments qui font le prix».
«Virginie est mon amie, une amie de David aussi, on se mettait d'accord sur les sommes sur un coin de table», reconnaît Fabrice Paszkowski. «Tout cela s'est fait entre amis, c'est pas comme ça qu'on fait des factures, c'est vrai», admet-il encore.
Le tribunal s'interroge encore sur une commande de champagne, bien livrée par Virginie Dufour à Fabrice Paszkowski, que ce dernier a revendue, utilisant les liquidités pour payer les «accompagnatrices».
La substitut du procureur, Aline Clérot, s'étonne.
- 'J'étais l'invité, c'était clair' -
«Observez madame aujourd'hui: ils vous ont utilisée, me semble-t-il, pour faire payer les factures par leurs sociétés», lance-t-elle à Virginie Dufour.
«J'étais de bonne foi», se défend cette dernière.
C'est au tour du commissaire Jean-Christophe Lagarde d'être appelé. «Vous participiez à tous ces voyages sans bourse délier», note à son adresse le président.
«J'étais l'invité de Fabrice Paszkowski, c'était clair», répond le policier, accusé de recel d'escroquerie et recel d'abus de biens sociaux. De David Roquet, il confesse avoir su qu'il fonctionnait avec des «frais de représentation».
De Paszkowski, qui payait tout (Jean-Christophe Lagarde réglait toutefois certaines boissons ou repas), il dit: «il était quelqu'un d'extrêmement généreux qui consacre une partie de son énergie à aider les gens».
M. Lagarde assure n'avoir rendu aucun service en retour, certainement pas en sa qualité de policier.
«Il est vrai que je comptais apporter (à DSK, ndlr) mes idées dans l'expertise, mais j'étais sans carte, sans arme, sans titre distinctif», explique-t-il.
Fabrice Paszkowski, principal contact de DSK pour ses soirées dans le Nord, est accusé d'avoir escroqué de plusieurs milliers d'euros Matériaux Enrobés du Nord, filiale d'Eiffage, que dirigeait son comparse David Roquet, et d'abus de biens sociaux au préjudice de la société Médicalis, spécialisée dans le matériel médical.
David Roquet est poursuivi pour escroquerie et abus de confiance auprès de Matériaux Enrobés du Nord, Virginie Dufour pour escroquerie. Jean-Luc Vergin, supérieur hiérarchique direct de David Roquet, pour complicité d'escroquerie.
Ainsi se sont achevés les débats de cette deuxième semaine, marquée par l'audition de Dominique Strauss-Kahn, le plus connu des 14 prévenus, de mardi à jeudi.
Lundi, les avocats des parties civiles plaideront, à la veille des réquisitions du ministère public. Les avocats de DSK ouvriront mercredi la série de plaidoiries de la défense.