Cinq figures du banditisme méridional en correctionnelle à Marseille
Daniel "Le Grand", "Bouclettes" ou "La truffe", "Tchoune", "Le ...© 2014 AFP
Daniel «Le Grand», «Bouclettes» ou «La truffe», «Tchoune», «Le Monstre»: cinq figures du banditisme méridional sont jugées, depuis lundi, par le tribunal correctionnel de Marseille pour une association de malfaiteurs dont l'objectif initial – la préparation d’un assassinat – n'a pas été démontré par l'accusation.
Evoquant une «infraction fourre-tout», la défense estime qu'«on juge avant tout un casting, mais aucun fait précis». Dans le box, quinquagénaires au crâne dégarni, de vieux routiers chevronnés côtoyaient des prévenus plus jeunes, personnalités montantes du banditisme marseillais.
En 2012 et 2013, les enquêteurs avaient surveillé les prévenus, ainsi que leurs déplacements dans une flotte de véhicules volés, leurs réunions secrètes dans des «planques» à Sanary-sur-Mer (Var) et sur le petit port de Carro à Martigues (Bouches-du-Rhône), et leurs échanges par SMS codés en circuit fermé.
Un grand nombre d'armes et plusieurs kilos d'explosifs ont été saisis, notamment dans un hangar agricole près de Sainte-Tulle (Alpes-de-Haute Provence), à l'occasion des interpellations au printemps 2013.
Le plus âgé des prévenus, Daniel Bellanger, 57 ans, 1,94 mètre et carrure d'armoire à glace, s'est présenté comme un paisible commerçant vivant en Espagne depuis trente ans. Il accepte son surnom de «Babar» mais pas celui de Moby Dick : «C'est une grosse baleine, non ? Babar c'est plus sympa».
- La 'Dream Team' -
Considéré comme l'un des membres fondateurs de la Dream Team, nom donné à une équipe de malfaiteurs spécialisée dans le braquage de transports de fonds, Daniel Bellanger avait été mis en cause, puis blanchi dans deux attaques de fourgon dans la région parisienne, en 1997et 2000.
«Je ne fais pas partie de la Dream Team», a martelé le prévenu. «Avec les écoutes, on essaie toujours de chercher la 5e patte du chat» a-t-il lâché, estimant ce dossier vide de preuves.
Daniel Bellanger a été placé sous mandat de dépôt le 8 février 2013, son ADN ayant été découvert dans un hangar de Tramoyes (Ain) où se trouvait le matériel nécessaire à l’attaque d’un centre fort ou d'un transport de fonds : quinze armes longues, douze armes de poing, 5,5 kg d'explosifs, des gilets pare-balles.
Déjà condamné à un total de près de trente années de prison, Raphaël Jimenez, 38 ans, surnommé «Tchoune» à sa naissance a, lui, fait le choix de ne pas s'exprimer. Il s'était évadé le 4 octobre 2011 à Aix-en-Provence lors d'un transfert à l'hôpital. Sa cavale a pris fin le 6 décembre 2012 lorsque des policiers l'ont interpellé à Marseille, alors que quatre hommes cagoulés s'apprêtent à cambrioler une société de nettoyage. Dans sa fuite, Raphaël Jimenez a fait feu en direction des policiers.
Très peu bavard durant l'instruction, il a démenti avoir eu l'objectif d'assassiner un proche du clan d'Ange Toussaint Federici, braqueur corse condamné pour un triple assassinat. Les enquêteurs l'avaient repéré, le 2 novembre 2012, vêtu de noir, recroquevillé sur lui-même et engoncé dans le fauteuil d'une Mégane mais l'hypothèse de la préparation d'un assassinat a été abandonnée.
Jean-Marie Struffi, alias «Bouclettes», a lui aussi laissé son empreinte génétique dans le hangar de Tramoyes. Il a expliqué son mode vie clandestin pour «se protéger des attaques». «On m’a tiré 70 fois dessus. Quand je rentre chez moi, je mets un masque de femme et une perruque», a-t-il expliqué.
Didier Bertolotti, qui réfute ses surnoms de «Sat» et de «Monstre», se défend aussi de tout projet criminel commun, bornant son rôle à celui de nourrice d’armes.
Franck Tarpinian, 38 ans, a reconnu du bout des lèvres avoir «replaqué» des véhicules volés ayant servi à cette équipe.