Après les libéraux, les urgences appelées à la grève pour Noël
Après les cabinets médicaux, au tour des urgentistes de se ...© 2014 AFP
Après les cabinets médicaux, au tour des urgentistes de se mettre en grève pour les vacances de Noël pour que soit prise en compte la pénibilité de leur profession, un mouvement qui pourrait perturber l'organisation des services de santé mais pas les soins.
L’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) a appelé jeudi à une grève illimitée dans les services d'urgences à partir du 22 décembre, emboîtant le pas aux médecins libéraux, en grève du 23 au 31, période où les urgences sont d'ordinaire fortement sollicitées.
Les urgentistes pouvant être assignés, leur mobilisation ne devrait toutefois pas déstabiliser les hôpitaux. «Chez nous, c'est simple, la grève, c'est porter un badge. Il y aura les mêmes effectifs», a expliqué Christian Prudhomme, porte-parole de l'Amuf, lors d'une conférence de presse.
«C'est un effet d'affichage pour les medias mais aussi pour les 18 millions de personnes qui passent aux urgences chaque année», a-t-il ajouté, annonçant que la CGT allait également déposer un préavis de grève illimitée jeudi.
De son côté, le ministère de la Santé a assuré à l'AFP que l'accès aux soins serait garanti malgré les fermetures de cabinets et l'appel à la grève des gardes des généralistes.
Des directives ont d'ores et déjà été envoyées aux ARS pour permettre aux préfets de réquisitionner des médecins et assurer ainsi la continuité des soins, précise-t-on de même source.
L'Amuf réclame une limite de 48 heures de travail par semaine, une revalorisation des heures supplémentaires (au-delà de 39 heures) et des gardes, dont les rémunérations sont inégalitaires entre les praticiens.
Les médecins universitaires sont par exemple payés 200 euros de plus par garde que les praticiens hospitaliers et les libéraux ont obtenu la défiscalisation d'une partie ou de l'intégralité de leur revenus pour la permanence des soins.
Les urgentistes font par ailleurs valoir que leurs conditions de travail, déjà difficiles, se sont dégradées dans un contexte d'économies drastiques pour l'hôpital - plus de 2 milliards d'ici à 2017-, d'autant que la «désorganisation de la médecine de ville» provoque un afflux de patients.
Or, ils sont exclus du compte de pénibilité, mesure phare de la dernière réforme des retraites, permettant aux salariés aux conditions de travail difficiles de partir plus tôt à la retraite.
Les médecins hospitaliers qui, par exemple, travaillent de nuit, ne bénéficient pas de ce dispositif, en dépit d'engagements passés de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, selon des syndicats.
- 'Rien contre la loi Santé' -
La menace d'une grève couvait depuis plusieurs semaines. Et malgré une nouvelle rencontre annoncée avec Mme Touraine mi-décembre, l'Amuf a décidé d'engager «un rapport de force» alors que l'exaspération monte sur le terrain.
Du côté du Samu-Urgences de France, «un mouvement de grève n'est pas à l'ordre du jour», a indiqué à l'AFP son président, François Braun, après une réunion au ministère.
Les intersyndicales de médecins hospitaliers, quant à elles, n'excluent pas de faire grève début janvier, moment choisi par les cliniques privées pour fermer et dénoncer le projet de loi Santé de Marisol Touraine.
Tout avait pourtant bien commencé pour la ministre. A sa prise de fonction en 2012, sa stratégie nationale de santé - son plan pour le quinquennat - avait été bien accueilli, suscitant beaucoup d'espoirs.
Mais en dépit de mois de concertations, Marisol Touraine doit désormais lutter sur tous les fronts.
Les médecins libéraux l'attaquent sur son projet de loi santé, «liberticide» selon eux, et, fait rare, l'ensemble des syndicats représentatifs des généralistes demandent à l'unisson la revalorisation de leur consultation.
Dans les hôpitaux, pénibilité et attractivité constituent les pierres d'achoppement.
L'Amuf a tenu à rappeler que ses revendications n'avaient «rien à voir» avec celles des médecins libéraux, son président, Patrick Pelloux, n'ayant «rien contre la loi Santé», qui doit être votée début 2015.
Pour calmer le jeu, la ministre a annoncé une relance des discussions avec l'ensemble des professionnels de santé pour décembre.
«Il semble qu'il y ait une volonté d'ouverture», a indiqué jeudi à l'AFP Patrick Gasser, président de l'Umespe, syndicat de médecins spécialistes, au lendemain d'une rencontre au ministère.