Mort de Jacques Barrot, figure de la démocratie chrétienne et Européen convaincu

Mort de Jacques Barrot, figure de la démocratie chrétienne et Européen convaincu

Figure de la démocratie chrétienne et Européen convaincu, l'ancien ministre centriste Jacques Barrot, 77 ans, membre du Conseil constitutionnel depuis 2010, est décédé subitement mercredi à la mi-journée dans le métro parisien.
L'ancien commissaire européen Jacques Barrot, en 2008 à Bruxelles
L'ancien commissaire européen Jacques Barrot, en 2008 à Bruxelles - Dominique Faget AFP
© 2014 AFP

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Figure de la démocratie chrétienne et Européen convaincu, l'ancien ministre centriste Jacques Barrot, 77 ans, membre du Conseil constitutionnel depuis 2010, est décédé subitement mercredi à la mi-journée dans le métro parisien.



Il a fait un «malaise» au niveau de la station Les Sablons à Neuilly-sur-Seine et a été pris en charge, en vain, par les secours, selon une source policière.

M. Barrot, ancien ministre de Valéry Giscard d'Estaing et de Jacques Chirac, avait été commissaire européen entre 2004 et 2009.

Né à Yssingeaux (Haute-Loire) le 3 février 1937, il avait été maire de cette ville de 1989 à 2001.

Fils de Noël Barrot, député MRP de la Haute-Loire après la Libération, il lui avait succédé en 1967, cédant à son tour en 2004 son siège à son poulain, Laurent Wauquiez, avec lequel il avait rompu par la suite.

Ministre du Commerce (1978-1979) puis de la Santé (1979-1981) sous VGE, il était redevenu ministre sous Jacques Chirac, occupant le portefeuille du Travail et des Affaires sociales (1995-1997), notamment pendant les grandes grèves de 1995.

Centriste convaincu, il avait été le co-fondateur en 1969 du Centre Démocratie et Progrès (CDP) avant de participer à la création du Centre des démocrates sociaux (CDS), qu'il avait dirigé de 1976 à 1977 puis de 1983 à 1991. Barriste en 1988 puis balladurien en 1995, il s'est rangé assez tôt derrière Jacques Chirac dans la perspective de la présidentielle de 2002 en fondant en 1999, avec Jean-Pierre Raffarin, Dominique Perben et Michel Barnier les clubs Dialogue et Initiative.

Surnommés «les quatre mousquetaires», les compères avaient été les premiers à plaider pour le rapprochement des trois formations de droite d'alors (RPR, UDF et Démocratie libérale), préfiguration de l'UMP, le grand parti créé en 2002, qui portera un coup rude à l'UDF de François Bayrou.

Jacques Barrot avait été récompensé avec la présidence du groupe UMP à l'Assemblée nationale (2002-2004) avant de quitter la scène politique française pour entamer une carrière européenne à Bruxelles: commissaire à la Politique régionale (2004) puis aux Transports (2004-2008) et enfin à la Justice (2008-2009).

- En larmes le 21 avril 2002 -

Considéré comme un homme affable, il était très attaché à sa Haute-Loire natale, dont il avait dirigé le Conseil général de 1976 à 2004. Passionné de musique classique, rural revendiqué, il s'était fait le défenseur des petites entreprises. Il était d'ailleurs lui-même marié à une chef d'entreprise.

Mercredi, à 15H00, lors de la séance des questions d'actualité au gouvernement, le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone (PS) -qui devrait désigner le successeur de Jacques Barrot au Conseil constitutionnel- a salué «un homme de dialogue et de conviction» et fait observer une minute de silence en son honneur.

Les hommages se sont multipliés dans l'après-midi. Le président François Hollande a salué une «grande figure» du centrisme, un «Européen engagé» et un «sage parmi les sages». «Il a toujours fait preuve d’une volonté de dépasser les clivages partisans tout en étant fidèle à sa famille politique», a-t-il ajouté.

«C’était un homme de conviction, qui a incarné les valeurs de dialogue, d’ouverture, d’humanisme de la démocratie chrétienne (...) C'était également un grand militant de l’Europe (...) Travailleur acharné, son expérience et ses compétences de juriste l’avaient amené à intégrer le Conseil constitutionnel en 2010», a salué pour sa part le Premier ministre Manuel Valls.

La vice-présidente de l'Assemblée nationale Sandrine Mazetier (PS) a rendu hommage à «un authentique républicain», se souvenant de ses «larmes» au soir du 21 avril 2002 face à «la catastrophe démocratique» de la qualification de Jean-Marie Le Pen (FN) pour le second tour de la présidentielle.

Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, s'est dit «attristé» par la mort d'un «ami» qu'il a connu dès 1979.

Le président du MoDem, François Bayrou, a parlé d'un «choc pour tous ceux qui ont partagé cette aventure politique qu'à été l'histoire du centre en France, spécialement dans le grand courant de la démocratie chrétienne».

Le tout nouveau président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a rendu hommage à un homme qui «savait privilégier le dialogue et la recherche du bien commun». «Plus qu’une figure de notre vie politique, la France perd un grand humaniste», a-t-il dit.

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