UMP: Sarkozy élu, le plus dur reste à faire pour lui

UMP: Sarkozy élu, le plus dur reste à faire pour lui

Après son élection à la présidence de l'UMP, le plus dur reste à faire pour Nicolas Sarkozy: refonder l'UMP, exsangue financièrement, "rassembler" et préparer une "primaire ouverte" pour 2017 qui risque de virer à la guerre des chefs.
L'ancien président Nicolas Sarkozy, le 30 novembre 2014 sur le plateau du 20H de TF1
L'ancien président Nicolas Sarkozy, le 30 novembre 2014 sur le plateau du 20H de TF1 - Martin Bureau Pool
© 2014 AFP

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Après son élection à la présidence de l'UMP, le plus dur reste à faire pour Nicolas Sarkozy: refonder l'UMP, exsangue financièrement, "rassembler" et préparer une "primaire ouverte" pour 2017 qui risque de virer à la guerre des chefs.



Après sa victoire, avec près des deux tiers des voix (64,5%), score moins élevé qu'attendu, mais qualifié de "grand succès" par son ami le député européen Brice Hortefeux, qui a salué un nombre de voix "historique", le nouveau patron de l'UMP s'est voulu "collectif" dimanche soir au JT de TF1.

Il a annoncé qu'il allait créer, pour l'aider, un comité des anciens Premiers ministres de son camp, et confirmé qu'il "souhaitait" que son parti ait un nouveau nom.

Parmi ces sages, Dominique de Villepin lui a déjà donné son accord, a-t-il dit.

Celui d'Alain Juppé semblait beaucoup moins acquis, vu le tweet d'un bras droit du maire de Bordeaux: "Le bureau politique élu, dont les anciens PM sont membres de droit, est la seule instance de gouvernance légitime".

Dès lundi, l'ancien chef de l'Etat rencontrera les "principaux dirigeants" du parti. Objectif affiché: réunir les "conditions du rassemblement le plus large".

Bruno Le Maire notamment, incontournable avec les 29,18% de voix obtenus samedi, sera reçu à 09h00. Suivront notamment au siège de l'UMP Xavier Bertrand et Jean-Pierre Raffarin.

Comment transformer l'UMP, endettée et à l'image froissée par la guerre Fillon-Copé de 2012? C'est à cette tâche que s'attellera l'ancien chef de l'Etat, face aux socialistes en difficulté mais en place au moins jusqu'à 2017, à un centre pour une part rétif à sa personnalité, et à un Front national en pleine expansion, qui a réélu Marine Le Pen à sa présidence (100% de voix).

- 'Tout raté' -

Première mission pour M. Sarkozy: "Montrer les signes de rassemblement (...) L'UMP a un chef, il est incontestable, et en même temps, il y a beaucoup de voix à l'UMP qui doivent absolument s'exprimer", a résumé Eric Woerth.

La députée soutien de Nicolas Sarkozy Valérie Pécresse a aussi prévenu que "toutes les sensibilités" devaient pouvoir se reconnaître dans la future direction du parti", "pas question que l'UMP se résume à un clan".

Nicolas Sarkozy, qui n'a pas proposé d'idées nouvelles depuis son come-back en septembre, devra redéfinir l'idéologie du parti, entre ses ailes libérale et conservatrice d'une part, gaullo-centriste d'autre part. Où placer le curseur? S'il va trop vers le centre, quid de la frange la plus droitière, radicalisés depuis 2012?

C'est un retour sur l'idée de "revanche", a dénoncé le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, "surpris par le fait que le score ne (soit) pas aussi élevé qu'annoncé ou attendu".

"J'ai le sentiment que la droite va prendre un nouveau visage qui va le rapprocher de l’extrême droite", a asséné le secrétaire d'Etat Thierry Mandon.

M. Sarkozy devra aussi s'atteler à rétablir les finances du parti, en déficit de plus de 74 millions d'euros (43 correspondent à l'achat du siège), après l'affaire Bygmalion, système supposé de fausses factures pour financer sa propre campagne de 2012.

Bygmalion est l'un des dossiers dans lesquels le nom de Nicolas Sarkozy, mis en examen pour corruption, est cité.

Il devra en outre organiser la "primaire ouverte" à la droite et au centre qu'il a promise à ses futurs concurrents.

Encore faudra-t-il que M. Sarkozy et les autres (outre Juppé, François Fillon, Xavier Bertrand, peut-être Bruno Le Maire) s'entendent sur la définition du "centre".

Nicolas Sarkozy a donné sa réponse: "Un centre qui serait avec nous matin, midi et soir", soit éventuellement l'UDI mais pas le MoDem de François Bayrou, qui avait appelé à voter Hollande au second tour de 2012.

Juppé, seul ténor de l'UMP à avoir soutenu le maire de Pau aux municipales du printemps, et que Sarkozy a laissé se faire siffler parce qu'il avait appelé à une alliance avec le centre, n'a pas l'intention de lâcher prise.

Réélue présidente du FN, Marine Le Pen a ciblé le nouveau président de l'UMP, l'accusant, en clôture du congrès du parti à Lyon, d'avoir comme François Hollande "tout raté" depuis 2007.