La Normandie unie contre la galère quotidienne des voyageurs de la SNCF
•Retards importants et récurrents, toilettes fermées, vandalisme, ...© 2014 AFP
Retards importants et récurrents, toilettes fermées, vandalisme, fraude, voyageurs ulcérés refusant d'être contrôlés: rien ne va plus dans les trains entre Paris et la Normandie, une région tout juste réunifiée par la loi mais unie depuis longtemps... dans ses critiques contre la SNCF.
Trop c'est trop, viennent d'affirmer solennellement les présidents socialistes de Haute et de Basse Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol et Laurent Beauvais en envoyant une lettre commune au PDG de la SNCF Guillaume Pépy.
«Les retards à répétition ne sont plus acceptables (...) Si cette situation perdure certains usagers risquent de perdre leur emploi (...) Nous-mêmes utilisateurs réguliers du train sur ces axes, nous ne pouvons que confirmer ces difficultés», écrivent les deux élus, traduisant un mécontentement général déjà ancien et qui ne cesse de croître.
En phase avec les problèmes quotidiens des voyageurs en direction de la capitale, les élus n'ont d'ailleurs guère le choix que de prendre le train, sauf à perdre beaucoup de temps dans les embouteillages aux portes de Paris.
«Je prends le Rouen-Paris de 06H26 pour avoir de la marge mais il y a des retards réguliers, des déficits d'information», déplore M. Mayer-Rossignol.
«Les matériels sont anciens, mal entretenus, de nombreux voyageurs n'ont pas de places assises, il y a des problèmes de disponibilité des conducteurs», renchérit M. Beauvais.
Voyageant régulièrement sur la ligne Granville-Paris, qui passe par Argentan (Orne), Dreux (Eure-et-Loir) et arrive à la gare Montparnasse, il dit être souvent arrivé en retard à des rendez-vous importants, notamment dans des ministères.
Interrogé un matin au téléphone par l'AFP, alors qu'il a choisi de faire le voyage en voiture, il raconte être bloqué sous un tunnel, dans le quartier de la Défense. «Voilà où nous en sommes réduits», soupire-t-il.
Mais les soucis des élus ne sont rien en comparaison de ceux vécus par certains voyageurs, comme par exemple Ahmed-Rad Abdillahi Ali.
- WC fermés, arrêt 'technique' -
Ce gestionnaire de produits d'assurance habite dans la région de Caen et se rend à Paris tous les jours pour son travail. «Je me lève à 04H45, je prends le bus de 05H31 jusqu'à la gare de Caen, puis le train de 06H09 pour être en principe à Paris-Saint-Lazare à 08H18», détaille-t-il. Le soir il n'est pas chez lui avant 20H45.
En réalité, le tableau est plus sombre: il arrive souvent en retard au bureau et rentre chez lui à pied (45 minutes de marche), après avoir raté la correspondance avec le dernier bus.
Pour faire bouger les choses, il a fondé en 2008 une association, l'Union des usagers du train Paris-Caen-Cherbourg (UDUPC).
Celle-ci, sous l'impulsion de sa nouvelle présidente, Frédérique Lacour, cadre de santé, organise depuis mi-novembre une grève symbolique de présentation des titres de transport aux contrôleurs. «Pour nous le train c'est notre outil de travail», explique la présidente de l'UDUPC.
A chaque ligne ou presque, son association: UPG pour Granville-Paris, Train de vie pour Vernon-Paris, UGB pour Bernay-Paris ...
Aux retards et à l'inconfort s'ajoutent incivilités et fraudes, a constaté un journaliste de l'AFP, notamment quand les trains s'arrêtent à Mantes-la Jolie (Yvelines), zone de fort trafic ferroviaire et classée en zone de sécurité prioritaire.
Et il y a la question des toilettes. Souvent sales, elles sont parfois carrément fermées.
Tout récemment un train de la ligne Le Havre-Rouen-Paris a fait un arrêt présenté comme «technique» à Mantes, pendant vingt minutes... pour permettre aux voyageurs d'aller soulager leur vessie.
Les toilettes ne pouvant être vidangées qu'à Paris, elles étaient pleines et avaient donc été fermées. Depuis, un centre d'avitaillement est en cours d'aménagement à Sotteville-lès-Rouen.
Un projet de liaison rapide, la Ligne Nouvelle Paris-Normandie (LNPN) desservant Rouen, Le Havre et Caen est censée soulager le trafic. Mais pas avant au moins dix ans.
Dans l'intervalle la SNF doit améliorer d'urgence l'ordinaire, estiment élus et associations. Guillaume Pépy aurait dit publiquement que la SNCF avait une dette envers la Normandie.
Le directeur pour la Normandie Roland Bonnepart a indiqué à l'AFP que les premières améliorations se feront sentir dès le 15 décembre et que la situation sera bien meilleure à la fin 2015.