Prêt à aider Juppé, Bayrou ne ferme pas la porte pour 2017
Prêt à "aider" Alain Juppé pour la présidentielle de 2017, le centriste François Bayrou n'abdique pas pour autant "sa responsabilité" si un autre ténor, Nicolas Sarkozy par exemple, devenait le candidat de la droite.© 2014 AFP
Prêt à «aider» Alain Juppé pour la présidentielle de 2017, le centriste François Bayrou n'abdique pas pour autant «sa responsabilité» si un autre ténor, Nicolas Sarkozy par exemple, devenait le candidat de la droite.
Déjà trois fois candidat à la présidentielle et relancé par sa victoire à la mairie de Pau en mars, le président du MoDem est convaincu que l'élection de 2017 ne sera pas ordinaire, tellement le système politique est à bout de souffle.
Officiellement, il a proposé son aide au maire de Bordeaux, avec qui il entretient des liens d'amitié, et plaide pour un «rassemblement». Il réfute, tout comme Juppé d'ailleurs, toute idée de «deal» et de «ticket» entre eux.
«C'est son heure», a affirmé M. Bayrou cette semaine, assurant qu'en «aucune sorte» il ne cherche à doubler le chouchou des médias qui grimpe dans les sondages depuis la rentrée .
Mais, comme le fait remarquer le sociologue Philippe Braud à l'AFP: «François Bayrou, comme tout homme politique qui est un peu malin, sait qu'il ne faut jamais se fermer des portes...»
«Il ne laissera pas d'espace vide», confirme un élu du Modem.
Fin septembre, deux jours après l'annonce du retour de Nicolas Sarkozy, il expliquait qu'il était «garant» que «personne, qu'aucune manœuvre ne privera les Français» du «droit au pluralisme et au dialogue et, s'il le faut, du droit à la confrontation entre la diversité des courants politiques et des visions de l'avenir de notre pays».
Comprendre: si le centre n'est pas représenté, le Béarnais ne s'interdit rien.
Il continue d'expliquer que la présidentielle n'est pas dans son «viseur», même s'il précise, c'était début novembre, qu'il n'a «pas le moins du monde amoindri» sa «liberté» et ses «responsabilités en face de cette élection majeure» qu'est la présidentielle.
- 'Une petite fenêtre' -
«Alain Juppé peut faire une grosse erreur...» décrypte M. Braud. Beaucoup de choses peuvent en effet se passer d'ici 2017. François Bayrou est un homme «extrêmement ambitieux» : «s'il y avait une petite fenêtre pour y aller, il irait», analyse-t-il.
François Bayrou sait qu'il incarne l'image du centre en France. C'est ce qu'il lit dans les sondages. Et le départ de Jean-Louis Borloo, l'autre leader du centre droit, lui laisse d'autant plus le champ libre, et ce dans un paysage politique sinistré.
Depuis la rentrée, lui qui a écrit un livre très sévère envers Nicolas Sarkozy dans lequel il le traite d'enfant barbare, explique qu'il ne va pas se «spécialiser» dans l'antisarkozysme.
Il émet beaucoup de réserves sur le principe de la primaire à droite. En «mobilisant le noyau dur d'un camp», la primaire «fait courir le risque de sélectionner le candidat le plus éloigné de la modération et du rassemblement nécessaires», explique-t-il, ce qui serait un avantage pour Sarkozy et un grand risque pour Alain Juppé .
Depuis sa mairie de Pau, où il a reçu récemment Manuel Valls à l'occasion du congrès de l'Assemblée des départements de France, il ne perd pas une miette de la politique nationale. Le Premier ministre a récemment répété qu'il déplorait que le PS n'ait pas tendu la main à celui qui avait opté pour François Hollande au second tour de 2012.
Côté droit, le président du MoDem s'est bien gardé de tout commentaire public sur l'élection à la présidence de l'UDI où concourait Hervé Morin, un de ses anciens compagnons de route. «Qui peut croire qu'il ne s'y intéresse pas?» glissait un centriste pur jus qui le connaît depuis longtemps.
En tout cas, quelques jours après le retour de Nicolas Sarkozy, François Bayrou ne pouvait s'empêcher de glisser, avec une gourmandise non feinte: «A partir de maintenant, c'est très intéressant...»