Hollande interdit à son gouvernement tout débat prématuré sur des primaires

Hollande interdit à son gouvernement tout débat prématuré sur des primaires

François Hollande a fermement rappelé jeudi à son gouvernement ...
© 2014 AFP

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François Hollande a fermement rappelé jeudi à son gouvernement qu'un débat sur d'éventuelles primaires à gauche pour 2017 était prématuré, alors qu'il est lui-même en mauvaise posture pour se représenter, plombé à mi-mandat par une impopularité record et une panne de résultats.

«Chacun a une mission au gouvernement, c'est de conduire le redressement du pays et les expressions des ministres doivent être concentrées sur ces deux règles : celle de la clarté et celle de la stabilité», a sèchement averti le président de la République en Conseil des ministres.

En substance, a ensuite traduit un de ses proches, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll: «Il y a un débat engagé» au Parti socialiste, «chacun peut avoir son avis» mais «le temps n'est pas venu de s'exprimer sur ce qui va se passer en 2016 ou en 2017».

Une réponse censée sonner la fin de la récréation deux jours après des déclarations du secrétaire d’État à la Réforme de l’État Thierry Mandon, qui a jugé «indispensable» une primaire «élargie aux radicaux, écologistes et tous ceux qui voudront y participer» afin que la gauche soit présente au second tour en 2017.

«François Hollande est président, point. Et président jusqu'en 2017. Je ne vois pas comment on pourrait faire autrement que d'avoir François Hollande candidat», a riposté la ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu, tout en soulignant que si primaire il devait y avoir, il faudrait qu'elle soit ouverte à la gauche «pour qu'il n'y ait pas trois ou quatre candidats de gauche au premier tour+».

Les déclarations de M. Mandon, suggérant pour la première fois publiquement que M. Hollande ne serait pas le candidat incontournable du PS, tombent au plus mal pour le chef de l'Etat, extrêmement fragilisé par une impopularité record sous la Ve République et un manque criant de résultats sur le front économique et social.

- 'Dans les statuts du PS' -

Depuis plusieurs semaines, la hantise que le candidat du PS soit éliminé du second tour au profit de ceux de la droite et du Front national est perceptible dans la majorité socialiste.

M. Hollande a lui-même conditionné une nouvelle candidature à sa capacité à faire reculer le chômage.

Les statuts du Parti socialiste, rénovés en 2012, sont formels, stipulant que «le candidat à la présidence de la République est désigné au travers de primaires citoyennes ouvertes à l'ensemble des citoyens adhérant aux valeurs de la République et de la gauche et coorganisées par les formations politiques de gauche qui souhaitent y participer». «Au moins un an avant l'élection présidentielle, le Conseil national (parlement du parti, ndlr) fixe le calendrier et les modalités d'organisation des primaires», précisent-ils.

Officiellement, au PS, on considère qu'évoquer cette consultation dès maintenant n'est pas le bon calendrier. «Les primaires, c'est dans nos statuts», mais «ce n'est pas du tout le moment d'aborder la question (...) Le plus important c'est la lutte contre le chômage et pas le concours de beauté pour 2017», a ainsi répondu à l'AFP jeudi Juliette Méadel, une des porte-parole du parti.

La veille, Olivier Faure, autre porte-parole du PS, s'était montré plus souple: «Ce que dit Thierry Mandon est plutôt juste. Il n'y a pas de raison particulière de considérer que la primaire ne vaut que pour les années où la gauche est dans l'opposition.»

«Les primaires sont valables pour les sortants», elles ne sont pas «à géométrie variable», a estimé l'ex-ministre Benoît Hamon, rejoignant un vœu formulé par l'aile gauche depuis juin.

Sur ce sujet, les écologistes sont divisés, entre d'un côté le sénateur Jean-Vincent Placé et le député François de Rugy, favorables à une telle solution, et de l'autre côté Cécile Duflot, qui menace d'être candidate.

«Cela en dit long sur l'état de faiblesse du président de la République, même au sein de sa famille politique» et sur «son effondrement auprès de ses propres amis», a estimé à droite le secrétaire général de l'UMP Luc Chatel.

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