Maxime Hauchard, jeune Normand ordinaire devenu bourreau jihadiste

Maxime Hauchard, jeune Normand ordinaire devenu bourreau jihadiste

En quelques années, Maxime Hauchard, 22 ans, gentil garçon ...
© 2014 AFP

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En quelques années, Maxime Hauchard, 22 ans, gentil garçon d'une petite commune normande, est devenu l'un des bourreaux du groupe jihadiste État islamique (EI), filmé à visage découvert participant à une exécution de prisonniers syriens, égorgés et décapités.

A Bosc-Roger-en-Roumois, commune de 3.200 habitants à une trentaine de kilomètres au sud de Rouen, on avait bien noté le changement d'apparence de Maxime, qui portait barbe et djellaba.

Mais personne n'aurait imaginé qu'il puisse appartenir un jour aux tueurs de l'EI, tant sa réputation de «gentil garçon» était établie dans cette commune, jusque-là sans histoire, où alternent zones pavillonnaires et commerciales.

Les plus proches voisins de ses parents sont incrédules.

«Il n'était pas parti pour faire du mal», avance René. «C'était un garçon gentil, qui ne posait aucun problème. Ils ont dû le droguer», renchérit son épouse Jeannine.

Tous deux habitent leur pavillon depuis quelque 25 ans. Ils ont connu Maxime tout petit et l'ont vu grandir. «Il venait s'amuser avec nos petits-enfants, tout se passait toujours bien», poursuit Jeannine, les larmes aux yeux.

Devenu adulte, Maxime avait une attitude tout aussi irréprochable, selon les deux retraités. «Il tondait le gazon, coupait le bois. Quand il faisait un peu la fête avec ses copains, derrière la maison, tout se passait toujours bien», affirme René.

- «D'une passion à une autre» -

Maxime Hauchard était un touche-à-tout. Il aimait la mécanique et était devenu expert dans la réparation de scooters.

Dans une pizzeria de la commune, où il a travaillé un moment, un de ses amis, Baptiste, 21 ans, se souvient d'un garçon, qui «passait rapidement d'une passion à une autre». Mais, selon lui, il n'a pas été influencé par un quelconque mentor.

«Il s'est forgé tout seul une identité», via internet et les réseaux sociaux, dit-il. Des réseaux sur lesquels il était très présent avec le nom de jihadiste qu'il s'attribuait, «Abou Abdallah al Faransi», c'est-à-dire «le Français».

- Stages d'entraînement -

Le jeune Normand a fait sa scolarité dans un lycée d'Elbeuf, en compagnie du fils du maire du Bosc-Roger-en-Roumois. «Tout se passait très bien», assure ce dernier, Philippe Vanheule.

Pourtant, c'est pendant sa période lycéenne, à l'âge de 17 ans, qu'il se serait converti à l'islam. C'est du moins ce qu'il déclarait à la mi-juillet à visage découvert via Skype, dans un entretien accordé à BFMTV.

Parti en Syrie depuis Paris en passant par Istanbul, à l'été 2013, il a raconté avoir été rapidement pris en charge et avoir effectué des stages d'entraînement.

Et il a affirmé être venu de son propre chef. «C'est marrant, parce que les gens pensent tous qu'il y a une sorte de gourou derrière qui met des choses dans la tête. En fait non, je n'ai rencontré personne, j'aurais aimé rencontrer un frère», a-t-il dit. Et d'ajouter que pour lui, comme pour ses compagnons d'armes «la plus grande récompense, c'est le martyr».

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve et le procureur de Paris François Molins ont apporté lundi des précisions sur le jeune homme.

Repéré par les services de renseignements dès 2011, quand il avait 19 ans, il a effectué deux séjours en Mauritanie entre octobre 2012 et mai 2013 afin d'y suivre un enseignement coranique dans deux centres d'étude d'obédience salafiste à Nouakchott.

Rentré déçu car il considérait que cet enseignement n'était pas assez radical, il était parti en Syrie en août 2013. Il fait l'objet d'un mandat de recherche depuis la fin août 2014.

Avec comme horizon le martyr avec EI ou la prison en France, l'avenir du «gentil garçon» de Normandie s'est soudain obscurci. En quelques années.

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