Bébé jeté dans la Garonne: le père mis en examen et incarcéré
•Le père d'un bébé de quatre mois et demi, qui a affirmé l'avoir ...© 2014 AFP
Le père d'un bébé de quatre mois et demi, qui a affirmé l'avoir jeté mardi dans la Garonne à Bordeaux, a été mis en examen et incarcéré jeudi pour homicide volontaire aggravé alors que le nourrisson, dont le corps reste introuvable, est probablement mort.
Tout commence mardi soir lorsqu'un homme de 30 ans, originaire du Togo, est interpellé vers 19H00 par la police sur les quais de Bordeaux, une poussette vide près de lui: il vient de confier à une passante avoir jeté son bébé dans le fleuve. Cette dernière donne immédiatement l'alerte. L'homme est interpellé et des pompiers, appuyés par des plongeurs, sont rapidement dépêchés sur place pour sonder la Garonne.
Ces recherches, poursuivies jusqu'à mercredi pour profiter notamment de la marée basse, sont restées infructueuses, a précisé lors d'une conférence de presse Marie-Madeleine Alliot, procureur de la République de Bordeaux, rappelant les difficultés pour retrouver un corps dans ce «fleuve assez actif».
Aucun témoin n'a vu le père jeter le petit garçon dans la Garonne, mais les enquêteurs ont «la certitude» que l'enfant a bien disparu et que, «compte tenu de son jeune âge, il doit être mort», a souligné la magistrate
En garde à vue, le père de famille, domicilié à Gradignan, dans la banlieue de Bordeaux, et qui était en couple avec la mère depuis 2012, n'a pour l'heure fourni aucune explication précise sur les circonstances de la disparition et les motifs de son geste.
«Il dit qu'il ne se souvient pas, il a parfois des propos incohérents», a déclaré le Procureur, soulignant que l'homme, en situation régulière, n'était pas connu de la justice.
- 'Tension conjugale' -
La magistrate a toutefois évoqué une situation de «tension conjugale» avec la mère du nourrisson, avec des «crises de jalousie» de la part du père. «Il y a eu des tensions très vives ces derniers jours, au point que la mère lui avait demandé de quitter les lieux», a précisé Mme Alliot, qui, sans l'écarter formellement, n'a pas accrédité la thèse d'une remise à un tiers. Aucune violence conjugale n'a par ailleurs été signalée.
Examiné par un expert psychiatre, le trentenaire, chez lequel aucune trace de stupéfiant ou d'alcool n'a été détectée, a par ailleurs été déclaré «totalement responsable de ses actes» et «doté d'un discernement normal», a indiqué la magistrate.
Selon les premiers éléments de l'enquête, l'homme aurait quitté le domicile avec l'enfant dans sa poussette vers 16H30, en indiquant à la mère qu'il se rendait à La Poste pour retirer de l'argent et lui rembourser un prêt qu'elle lui aurait fait. Sans-emploi et ne possédant pas de véhicule, l'homme a pu se rendre au centre-ville de Bordeaux en tramway. Des témoins affirment l'avoir vu ensuite en compagnie de l'enfant. C'est à 18H50 qu'il se livre à la passante, avant que la police ne le retrouve sur les quais, «prostré».
Présenté jeudi soir à un juge d'instruction, l'homme a été mis en examen pour «homicide volontaire sur mineur de moins de 15 ans par ascendant» et a été placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du ministère public. Il encourt la réclusion à perpétuité.