L'exécutif met l'affaire Jouyet-Fillon entre parenthèses, le temps des commémorations
Le couple exécutif a mis mardi l'affaire Jouyet-Fillon de côté, le temps des cérémonies de commémoration de la Première Guerre mondiale, sans empêcher des personnalités de tout bord de commenter cet épisode embarrassant.© 2014 AFP
Le couple exécutif a mis mardi l'affaire Jouyet-Fillon de côté, le temps des cérémonies de commémoration de la Première Guerre mondiale, sans empêcher des personnalités de tout bord de commenter cet épisode embarrassant.
Lors de cette journée dédiée à la mémoire et aux morts pour la France, François Hollande n'a pas dit un mot sur cette affaire qui met le secrétaire général de l'Elysée, Jean-Pierre Jouyet, dans une position délicate.
Cet ami du président s'est en effet contredit sur la teneur d'un déjeuner avec François Fillon le 24 juin, où ce dernier lui aurait demandé d'intervenir pour accélérer une procédure judiciaire à l'encontre de Nicolas Sarkozy. Une version que M. Fillon a toujours récusée.
Le troisième homme présent à ce déjeuner, Antoine Gosset-Grainville, a défendu mardi soir la version de François Fillon. «A aucun moment (il) n'a sollicité la moindre intervention de la part de Jean-Pierre Jouyet sur un quelconque sujet politique. Je suis formel».
En marge de sa visite au musée Clémenceau dans la matinée, Manuel Valls a dit qu'il ne ferait «pas de commentaire aujourd'hui», parlant de débats qui «abaissent le niveau politique» et auxquels il ne «veut pas prendre part».
«Au cours de ce 11 novembre, il faut s'abstenir de tout commentaire et de toute polémique», a estimé le Premier ministre, qui veut «au contraire (avec François Hollande) contribuer au rassemblement autour de nos valeurs», celles «de la République, de la démocratie, du respect du droit, de la liberté de la presse et de la séparation des pouvoirs».
Toutefois, le répit devrait être de courte durée car mercredi a lieu une séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. M. Valls a déjà indiqué que s'il était interrogé, il en appellerait «au respect de la justice, au respect des hommes et au respect des Français».
- Démission de J-P Jouyet «inéluctable» -
De son côté, le Parti socialiste, où Jean-Pierre Jouyet suscite la méfiance pour son positionnement libéral et son passé d'ancien secrétaire d'Etat aux affaires européennes de Nicolas Sarkozy, a encore fait le service minimum.
Julien Dray a estimé que M. Jouyet avait commis une «erreur» en livrant plusieurs versions de ce déjeuner avec M. Fillon, tout en estimant qu'il pouvait rester à son poste. «La démission devient l'alpha et l'oméga de la vie politique», a déploré le vice-président de la région Ile-de-France.
Sans la demander explicitement, François Bayrou a estimé que la démission du secrétaire général de l'Elysée était «inéluctable». Pour le président du MoDem, «cette affaire est une atteinte au pacte de confiance».
«Voilà la situation aberrante dans laquelle on se trouve aujourd'hui où (M. Jouyet) a démenti son démenti. Que vaut la parole du secrétaire général de l'Elysée ?», a demandé Jérôme Chartier, député UMP proche de François Fillon.
M. Chartier n'a pas demandé le départ de M. Jouyet, contrairement à Bruno Le Maire (UMP) et au porte-parole de Nicolas Sarkozy, Gérald Darmanin, la veille.
Marine Le Pen ne la demande pas non plus, estimant que «cela ne change strictement rien». Pour la présidente du Front national, l'important est ailleurs: «Manifestement, et l'un et l'autre (MM. Jouyet et Fillon, ndlr) savent que sous le mandat de Nicolas Sarkozy comme sous le mandat de François Hollande il y a des pressions qui peuvent s'exercer sur la justice».
En attendant, le prochain épisode devrait être judiciaire: Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, avocat de M. Fillon, va «engager dès demain (mercredi, ndlr) une action de référé (...) pour que (...) nous soit remise une copie de l'intégralité de l'enregistrement de la conversation Davet-Lhomme (les journalistes du Monde) et Jean-Pierre Jouyet».
La plainte en diffamation «est prête», a ajouté l'avocat sur iTélé mais pour des questions procédurales, «la citation sera probablement délivrée dans les premiers jours de la semaine prochaine».